La troisième journée de la 10ᵉ édition d’Expo Béton RDC 2025 a été consacrée aux défis de l’urbanisation et de la planification urbaine dans le contexte de la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire.
Ce panel, modéré par Fiyou Ndondoboni, Président national de l’Ordre des Architectes, a réuni des experts congolais et internationaux venus échanger sur les politiques publiques, les outils de planification et les solutions innovantes pour construire des villes durables et mieux organisées.
Placée sous le Haut Patronage du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et avec l’accompagnement du Gouvernement, cette 10ᵉ édition du salon se déroule sous le thème : « 100 milliards USD pour reconstruire la RDC post-conflit : catalyser une transformation audacieuse pour le 21ᵉ siècle ».
Carine Oniemba invite à faire de l’aménagement du territoire un véritable outil de gestion et d’investissement
Prenant la parole, Carine Oniemba, Directrice Générale de l’Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire (ANAT), a rappelé que la mise en œuvre de la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire vise à doter chaque province d’un cadre cohérent de planification spatiale.
Selon elle, l’objectif est de permettre à chaque territoire de disposer d’un plan d’aménagement intégré, fondé sur ses potentialités, ses spécificités culturelles et ses ressources locales.
« L’aménagement du territoire ne doit plus être une démarche administrative, mais un véritable outil de gestion, d’investissement et de programmation du développement », a-t-elle souligné, insistant sur la nécessité d’une appropriation par les autorités provinciales et locales.
Carine Oniemba a également mis l’accent sur l’importance du diagnostic territorial et du Conseil National d’Aménagement du Territoire, deux piliers de la nouvelle gouvernance spatiale en RDC.
Joël Kyana recommande de planifier avant d’occuper
Représentant la Ministre déléguée à l’Urbanisme, en charge de la Politique de la Ville, Joël Kyana a quant à lui plaidé pour un changement de paradigme, celui d’une planification anticipative, et non réactive.
« Trop souvent, l’occupation du sol précède la planification. Or, il faut planifier avant d’occuper », a-t-il martelé, soulignant la nécessité d’une cohérence nationale, provinciale et locale dans la conception et la mise en œuvre des plans urbains.
Il a rappelé que la croissance démographique et l’expansion anarchique des villes exigent une meilleure maîtrise de la croissance urbaine, une harmonisation des interventions publiques et une intégration des politiques d’infrastructures dans la logique d’aménagement du territoire.
Pour lui, les architectes, ingénieurs et urbanistes doivent être considérés comme « les artisans de la fabrique de la vie collective », capables de repenser l’espace urbain comme lieu de cohésion, d’innovation et de durabilité.
Une ouverture internationale et des expériences comparées
Invité spécial de ce panel, l’architecte et urbaniste polonais Pawel Paradowski a établi un parallèle entre l’expérience de la Pologne et celle de la RDC, soulignant que la planification urbaine exige une vision à long terme, fondée sur la participation citoyenne et la gouvernance territoriale partagée.
Il a salué la démarche de la RDC d’intégrer la planification urbaine dans le cadre plus global de la reconstruction nationale, estimant que la cohérence territoriale est la première pierre d’un développement durable et inclusif.
Kin Elenda : un projet pilote pour une urbanisation maîtrisée à Kinshasa
La séance a également permis à Trésor Katembwe, de la Cellule de développement urbain de Kinshasa, de présenter le projet « Kin Elenda », initié dans la commune de N’Djili.
Ce programme pilote ambitionne d’expérimenter une nouvelle approche d’urbanisme participatif et de développement intégré dans la capitale congolaise.
Ce projet, selon Trésor Katembwe, s’inscrit dans une logique de planification urbaine inclusive, en lien avec les orientations de la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire. Il vise à renforcer les capacités locales, à améliorer la qualité de vie et à créer des espaces urbains mieux organisés.
Une réflexion stratégique pour la RDC de demain
En conclusion, ce panel a mis en exergue la nécessité urgente d’une vision unifiée de l’aménagement du territoire, capable d’harmoniser les initiatives locales et nationales.
Les intervenants ont tous souligné que la réussite de la politique urbaine dépendra d’une coordination interinstitutionnelle efficace, d’un engagement politique constant et de la participation citoyenne.
Ainsi, la troisième journée d’Expo Béton RDC 2025 a rappelé que la reconstruction du pays passe aussi par la reconstruction de ses villes, des villes mieux planifiées, plus inclusives et véritablement tournées vers l’avenir.
Lydia Mangala