Éric Mandala Kinzenga, ancien propriétaire d’une chaîne de télévision et fort de 317 000 abonnés sur Instagram, tentait de transférer la drogue dans une camionnette stationnée sur le parking.
Selon le média espagnol opinion.es, l’« entrepreneur » a acheté un appartement de 222 mètres carrés dans le Burj Khalifa, le plus grand gratte-ciel du monde, à Dubaï en 2020.
Il se présente comme un entrepreneur, un self-made man parti de zéro, tant sur son site que sur ses réseaux sociaux. Éric Mandala Kinzenga, homme d’affaires et diplomate né en République Démocratique du Congo il y a 48 ans, agit comme influenceur sur Instagram, où il compte 317 000 abonnés. Jusqu’à il y a quelques jours, il était une figure respectée dans son pays et dans les pays voisins. Cependant, il se retrouve désormais en prison en Espagne, après avoir été arrêté à Madrid alors qu’il récupérait, accompagné d’un citoyen colombien, près de 200 kilos de cocaïne, saisis par la police nationale dans un parking souterrain de la capitale.
La carrière professionnelle de Mandala a débuté à l’âge de 14 ans, marqué par un « esprit d’entreprise », comme il le souligne lui-même sur ses chaînes publiques. Il a fondé une entreprise de transport de passagers à Nairobi, la capitale du Kenya. Il s’est ensuite lancé dans l’audiovisuel en investissant et en présidant Univers Groupe Télévision, une chaîne de télévision basée à Kinshasa.
« Je veux que mon pays grandisse », déclare-t-il. On lui attribue également une participation dans le marché du diamant et la création d’une autre entreprise, Obstiné Sprl, dédiée à la fabrication et à la vente de savons en poudre.
Cependant, ses réseaux sociaux montrent qu’il se rend souvent à Dubaï, où il a acheté en 2020 un appartement de deux chambres de 221,85 mètres carrés dans la tour Burj Khalifa, selon les documents immobiliers d’une enquête réalisée par le consortium média OCCRP, auquel *infoLibre* a participé. Il a payé 1,85 million d’euros pour ce bien, situé au 84e étage du plus grand gratte-ciel du monde, qui compte 160 étages et mesure 828 mètres de haut. Cette enquête révèle que certains des plus grands trafiquants de drogue au monde résident à Dubaï, beaucoup bénéficiant d’ordres d’extradition émis par les pays européens où ils opèrent.
Après l’arrestation d’Éric Mandala à Madrid, les forces de sécurité internationales n’excluent pas que ses séjours dans l’émirat soient liés autant à ses affaires légitimes qu’aux accords nécessaires pour organiser les expéditions de cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Europe, la plus lucrative activité clandestine au monde.
Avec l’aide de la DEA

Mandala Kinzenga ignorait que ses activités étaient étroitement surveillées, notamment par la Drug Enforcement Administration (DEA) et ses partenaires de l’Unité centrale de lutte contre la drogue et le crime organisé (Udyco) en Espagne. Les agents antidrogue espagnols avaient été informés de l’arrivée d’une cargaison de près de 200 kilos de drogue en provenance d’Équateur via le port d’Algésiras (Cadix) et avaient veillé à suivre cette cargaison pour retrouver ses destinataires, une tâche toujours complexe.
Dans ce cas, ils ont découvert un voyage en provenance d’Afrique subsaharienne, avec des personnes arrivant à Madrid pour récupérer la drogue. L’un d’eux était Éric Mandala, accompagné de son partenaire colombien. La police les a arrêtés, et le juge les a envoyés directement en prison.
L’opération, qualifiée de « pass » de drogue, a révélé que la cocaïne, dissimulée dans 171 paquets, devait être cachée dans un compartiment simulé d’une camionnette stationnée dans un centre commercial de Madrid. C’est à ce moment-là que l’influenceur congolais et son complice colombien ont été interpellés. Des sommes en espèces et 50 000 USDT, une cryptomonnaie, ont également été saisies. Le plus gros transfert de drogue déjoué par la police espagnole avait été celui des 600 kilos retrouvés dans un camping-car à Robliza de Cojos (Salamanque) en décembre dernier.
En réalité, l’enquête avait débuté en août de l’année précédente, grâce à l’aide de la DEA, qui avait permis d’identifier le conteneur transportant la cocaïne en provenance d’Équateur.
La rédaction

