Ce mardi 3 juin 2025 à New York, la République démocratique du Congo a remporté son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2026-2027, en totalisant 183 voix sur 187.
Ce succès retentissant illustre la dynamique diplomatique que le pays a su mettre en place depuis 2019, et confirme la volonté de Kinshasa de peser sur les grands enjeux mondiaux.
Une candidature portée par l’Union africaine et les atouts congolais
Dès le lancement de sa campagne, la RDC a bénéficié du soutien unanime des instances sous-régionales et continentales.
Les États africains, convaincus de la pertinence de la candidature, ont épaulé Kinshasa en soulignant l’expérience congolaise en matière de maintien de la paix et de résolution des conflits.
Fort de deux mandats précédents dont ceux de 1982 à 1983 et de 1991 à 1992, la RDC a présenté un dossier solide, misant sur sa capacité à promouvoir la paix, la résilience post-conflit et la transition écologique.
Dans son allocution de clôture de campagne le 31 mai 2025, le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi a insisté sur la longue expérience congolaise :
« La RDC, à travers sa mission Monusco, a démontré sa volonté de protéger les civils et d’accompagner la reconstruction. Nous apportons aujourd’hui cette expertise au Conseil de sécurité. »
Il a également rappelé la richesse du bassin forestier congolais, soulignant que dans un monde en pleine crise climatique, préserver l’Amazonie africain est une urgence partagée.
Portée d’une victoire diplomatique majeure
En réunissant 183 votes, la RDC s’est imposée face à de nombreux concurrents, prouvant qu’elle bénéficie d’une confiance renouvelée.
Pour la ministre d’État Judith Suminwa, cette élection est une avancée majeure, qui confirme la dynamique de retour de notre pays sur la scène internationale.
Quelques semaines après avoir décroché la vice-présidence de l’Assemblée générale de l’ONU, Kinshasa ajoute ainsi une nouvelle corde à son arc diplomatique :
« Après notre élection à la vice-présidence de l’AG de l’ONU, ce nouveau succès illustre la confiance retrouvée en la RDC. Notre diplomatie continue de s’affirmer avec force et vision », a-t-elle déclaré, invitant la nation à célébrer cette victoire collective.
Un engagement pour la paix, la sécurité et l’environnement
Au cœur de son programme, la RDC propose de plaider pour la réforme pragmatique des opérations de maintien de la paix, inspirée de l’expérience Monusco. Félix-Antoine Tshisekedi a exprimé sa détermination :
« Nous appellerons à des partenariats équilibrés, adaptés aux réalités locales, entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes et les contributeurs de troupes. »
Par ailleurs, la question écologique occupe une place centrale :
« Nous porterons la voix de l’Afrique pour défendre la protection des forêts tropicales, facteur déterminant dans la lutte contre le changement climatique. »
Sensible aux inégalités dans la répartition du pouvoir au sein du Conseil de sécurité, la RDC s’engage à soutenir la position africaine commune en faveur de l’extension des sièges permanents pour le continent.
« Notre voix portera également la nécessité d’une réforme structurelle du Conseil de sécurité, pour y corriger l’injustice faite à l’Afrique », a ajouté le président congolais.
Ainsi, Kinshasa entend défendre la cause africaine, réclamant deux sièges permanents dotés du droit de véto et cinq sièges non permanents.
Priorité aux femmes et à la jeunesse
Conscient que toute paix durable passe par une participation inclusive, le Chef de l’État a souligné l’importance d’intégrer femmes et jeunes dans les processus de décision.
« Aucune paix durable ne se construit sans les femmes ni les jeunes. Leur leadership est indispensable pour bâtir des sociétés résilientes et inclusives », a-t-il insisté.
En ce sens, la RDC compte promouvoir au moins 30 % du budget des opérations de paix pour des programmes sensibles au genre, tout en veillant à ce que les jeunes soient parties prenantes dans les processus de médiation et de réintégration post-conflit.
Vers un nouveau rôle sur la scène internationale
Ce troisième mandat au Conseil de sécurité, après ceux cités ci-haut, arrive à un moment charnière pour la RDC, qui doit à la fois consolider la paix au Nord-Kivu et faire avancer ses priorités sur la scène mondiale.
Dès le 1er janvier 2026, Kinshasa siège aux côtés des autres grandes puissances pour prendre part aux décisions essentielles concernant la sécurité internationale, les sanctions, les opérations de maintien de la paix, et l’admission de nouveaux membres à l’ONU.
Pour Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères :
« Cet élan diplomatique démontre que la RDC dispose à présent d’une plateforme pour influencer le nouvel ordre multilatéral et défendre les intérêts africains. C’est une responsabilité immense, mais nous sommes prêts à la relever. »
Avec 183 voix en sa faveur, la République démocratique du Congo établit un retour stratégique au cœur de la gouvernance mondiale. Désormais, les regards se tournent vers le 1er janvier 2026 : ce jour-là, la RDC prendra place parmi les décideurs du Conseil de sécurité, prête à défendre la paix mondiale et à promouvoir un multilatéralisme fondé sur la solidarité et la justice.
Lydia Mangala


