Dans un climat politique déjà tendu, les autorités politiques et judiciaires de la RDC observent de très près le « comeback » du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie.
Cette surveillance s’est intensifiée après la récente audition de son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, par le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, et se poursuit avec la convocation imminente, le lundi 10 mars 2025, de Shadary et d’Aubin Minaku, vice-président du parti.
Un retour sur la scène politique sous haute tension
Le PPRD, longtemps associé à l’ex-président Joseph Kabila, a récemment tenté de se repositionner sur la scène politique. Après une sortie médiatique fracassante de Kabila, les dirigeants du parti se sont réunis à Kinshasa pour marquer ce « Comeback ».
Cependant, cette relance intervient dans un contexte sécuritaire délétère, exacerbée par la guerre menée par l’AFC/M23 dans l’est du pays, et dans un climat de fortes accusations de la part du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui reproche à Kabila son soutien présumé aux rebelles du M23.
Auditions et convocations : La justice en quête d’éclaircissements
Les services de communication du Ministère de l’Intérieur ont récemment fait savoir que, lors de sa prise de parole devant Jacquemain Shabani, Emmanuel Ramazani Shadary n’avait pas su convaincre sur les points sensibles, notamment concernant les accusations portées contre Joseph Kabila.
Désormais, la justice militaire, par le biais de l’auditorat militaire supérieur de la Gombe, demande à Emmanuel Shadary et à Aubin Minaku « d’éclairer la justice ».
Le document transmis à la presse ne précise pas encore les matières sur lesquelles ces éclaircissements doivent porter, ajoutant une dimension d’incertitude quant aux enjeux exacts de ces auditions.
Des allégations qui pèsent sur l’héritage kabilien
Au cœur de ces auditions se trouve la nécessité pour Emmanuel Ramazani Shadary de répondre des allégations relatives à l’implication de Joseph Kabila dans le soutien aux rebelles du M23. Cette question, qui alimente de vives polémiques, met en lumière le fossé entre la relance politique du PPRD et la défiance des instances judiciaires et politiques.
En dépit des tentatives de déstabilisation de certains acteurs, le gouvernement et la justice semblent déterminés à ne laisser aucune zone d’ombre subsister autour de ce dossier sensible.
Une déclaration qui en dit long
Lors d’une réunion filmée, Aubin Minaku avait lancé une tirade empreinte de défi, déclarant :
« Le Chef a dit, il faut être prêt à tout, quand le Chef dit il faut être prêt à tout chacun de nous, un PPRD pur sang comprend, quand le Chef dit : fini le moment du silence, des actions clandestines maintenant, c’est le moment des actions ouvertes, je m’assume ça, ça dit tout. »
Cette affirmation, en apparence militante et sans concession, reflète une volonté affichée de passer de l’ombre à la lumière, tout en invitant à une transparence qui se heurte aujourd’hui aux exigences de la justice.
La convocation des hauts cadres du PPRD par la justice militaire intervient dans un moment charnière pour le parti. Entre les appels à l’éclaircissement des accusations de soutien au M23 et la nécessité de justifier leur position lors de leur « Comeback » politique, Emmanuel Ramazani Shadary et Aubin Minaku se trouvent au cœur d’un interrogatoire qui pourrait redéfinir leur avenir politique et celui du parti.
Dans un climat où chaque déclaration est scrutée, ces auditions représentent une opportunité, ou une épreuve, pour un PPRD qui aspire à se réinventer tout en effaçant les ombres du passé.
Lydia Mangala


