L’ ancien candidat à l’élection présidentielle docteur Denis Mukwege, a faire savoir son inquiétude face au rapport des experts des Nations unies qui révèle la présence de 4 000 soldats rwandais opérant en République démocratique du Congo (RDC) avec du matériel performant dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu. Dans une déclaration faite jeudi 9 janvier 2025, le prix Nobel de la paix 2018 a invité la communauté internationale à aller au-delà des simples condamnations en prenant des sanctions fortes contre le Rwanda.
« Face à la situation critique qui prévaut dans l’Est de la RDC, nous exhortons à nouveau la communauté des États à ne plus s’accommoder de condamnations de façade et de paroles creuses : il faut adopter des sanctions fortes contre les acteurs de la déstabilisation, et des mesures immédiates et décisives pour que le Rwanda cesse son soutien au M23 et retire immédiatement ses forces du sol congolais », a déclaré Denis Mukwege.
Il a ainsi dénoncé une guerre mêlant occupation et agression, qui évolue pas à pas vers une annexion par des forces étrangères, notamment dans la zone de Rubaya, où une administration parallèle contrôle l’extraction de coltan, l’un des minerais les plus stratégiques au monde.
Exploitation des ressources minières : le rôle de l’AFC-M23
Dans un rapport rendu public mercredi 8 janvier 2025, le groupe d’experts de l’ONU a révélé que la coalition AFC-M23 a instauré un système sophistiqué pour garder l’œil sur l’extraction, le commerce et l’exportation de coltan à partir de Rubaya, dans le Nord-Kivu. Ce système a rapporté d’importantes ressources financières pour financer les activités rebelles.
150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda, où elles ont été mélangées à la production locale, provoquant une contamination majeure des chaînes d’approvisionnement des minerais dits 3T (étain, tantale, tungstène) dans la région des Grands Lacs. Cette contamination et décrit par les experts comme la plus importante enregistrée depuis dix ans.
Recrutements forcés et activités militaires
C’est depuis avril 2024, l’AFC-M23 a procédé à des recrutements forcés, impliquant notamment des mineurs. Selon le rapport, 3 000 recrues ont achevé leur formation militaire entre le 25 septembre et le 31 octobre 2024, tandis que 2 500 autres, dont 600 membres du groupe armé Zaïre en Ituri, étaient encore en formation fin 2024.
Situation sur le terrain : regain de tensions
Sur le plan militaire, l’armée congolaise a confirmé, lors d’un briefing tenu jeudi, que le M23 a repris Masisi-centre, chef-lieu du territoire de Masisi, moins de 24 heures après sa reconquête par une coalition FARDC-Wazalendo. Lors de la première réunion du Conseil supérieur de la défense élargi, dirigée par le président de la république Félix Tshisekedi en présence du nouveau chef d’état-major des FARDC, Jules Banza Mbwilambwe, l’armée a réaffirmé son engagement à libérer tous les territoires sous contrôle des rebelles soutenus par le Rwanda.
Ben Mandjolo


