La récente suspension de l’aide américaine au développement, USAID, annoncée le 24 janvier, a plongé de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) congolaises dans une crise financière majeure. La République démocratique du Congo (RDC), qui figurait parmi les principaux bénéficiaires de l’USAID en Afrique subsaharienne avec près d’un milliard de dollars injecté en 2023, voit aujourd’hui plusieurs de ses programmes humanitaires et de développement ralentis, voire arrêtés.
Si cette décision impacte les organisations internationales opérant dans le pays, ce sont surtout les ONG nationales qui subissent de plein fouet les effets du gel des financements. Dépendantes de ces fonds pour leurs projets, ces structures locales n’ont généralement pas de réserves financières suffisantes pour compenser l’arrêt soudain des subventions.
Les conséquences se font rapidement sentir : des suspensions de contrats, des licenciements et des fournisseurs non payés. De nombreux employés des ONG se retrouvent sans salaire et en situation d’incertitude, tandis que des prestataires ayant déjà livré des biens et services restent en attente de paiement.
Les financements américains ne se limitaient pas au seul fonctionnement des ONG, mais soutenaient également un vaste réseau économique. Ils permettaient, entre autres, de payer des loyers, d’acheter des équipements, de financer du matériel agricole pour les déplacés et d’assurer l’approvisionnement en carburant et en véhicules pour les missions sur le terrain.
Aujourd’hui, de nombreuses ONG locales se retrouvent en difficulté financière, avec une trésorerie à flux tendu. Certaines organisations signalent déjà des ruptures de paiement envers leurs fournisseurs, mettant en péril l’ensemble de la chaîne de mise en œuvre des projets.
Face à cette situation, les ONG nationales tentent de s’adapter en redirigeant leurs budgets vers les activités les plus urgentes et en cherchant de nouveaux financements auprès d’autres bailleurs internationaux ou partenaires privés. Cependant, la recherche de fonds alternatifs prend du temps et ne permet pas de combler immédiatement le vide laissé par l’arrêt des financements américains.
L’administration américaine, de son côté, demande la discrétion sur ces suspensions, ce qui complique encore davantage les démarches des ONG concernées. Plusieurs acteurs préfèrent éviter toute déclaration publique par crainte de représailles.
Cette crise met en lumière la vulnérabilité des ONG locales, fortement dépendantes des financements extérieurs, et souligne l’urgence pour ces structures de diversifier leurs sources de financement afin de garantir la pérennité de leurs activités en période de turbulences.
Lydia Mangala


