La situation éducative dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu se détériore de façon alarmante, sous l’effet d’une guerre d’agression imposée par le Rwanda et ses supplétifs du M23.
La destruction ciblée d’infrastructures scolaires, l’occupation d’établissements par des groupes armés et l’augmentation du nombre d’élèves déplacés compromettent gravement l’accès à l’éducation et l’avenir de milliers d’enfants congolais.
Un système éducatif sous pression
Dans le Nord-Kivu, 692 écoles sont désormais fermées, privant 471 183 enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Parmi ces établissements, 35 écoles ont été totalement détruites, 45 restent dépourvues de mobilier scolaire et 3 sont occupées par des groupes armés, rendant toute réhabilitation immédiate impossible.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de violence continue qui fragilise non seulement les structures éducatives, mais aussi le tissu social des communautés concernées.
Des chiffres qui témoignent d’un désastre
La situation dans le Sud-Kivu est tout aussi critique. Près de 1 428 707 enfants, dont 49 % de filles, sont en rupture de scolarité. Parmi eux, 1 619 finalistes ont dû être réinscrits dans d’autres provinces, faute de pouvoir suivre leurs cours dans leurs établissements d’origine. Actuellement, 5 235 écoles sont fermées, réparties en 3 160 établissements secondaires, 1 756 écoles primaires et 319 écoles maternelles.
Dans la sous-division de Kalehe 1, 1 840 salles de classe hébergent des déplacés, tandis que 536 salles de classe, appartenant à 66 écoles, ont été complètement détruites par des éclats de bombes. La présence de groupes armés affecte 57 écoles, et 104 établissements restent occupés par des déplacés internes, empêchant ainsi la reprise normale des cours pour 48 714 élèves, dont 19 486 filles.
Des dégâts matériels dévastateurs
Les dégâts matériels subis par les infrastructures scolaires sont considérables. Au Sud-Kivu, le matériel pédagogique est lourdement impacté : 21 882 pupitres brûlés, 13 200 manuels scolaires détruits, 830 planches de matériels didactiques volées, 336 tableaux, 400 étagères et 50 drapeaux réduits en cendres.
Depuis l’occupation du territoire de Kalehe le 20 janvier 2025, le bilan s’est aggravé avec la destruction totale de 4 écoles par bombardement, l’occupation de 52 écoles par des groupes armés et 17 806 pupitres endommagés. Dans le territoire insulaire d’Idjwi, bien que les combats ne les aient pas directement atteints, 28 écoles (8 secondaires et 20 primaires) sont occupées par des déplacés internes, affectant ainsi la scolarité de 10 227 élèves, dont près de 5 000 filles.
Dans la sous-division de Kabare 2, 5 écoles primaires sont sous occupation armée et 10 autres servent d’abris aux déplacés, avec des infrastructures éducatives gravement détériorées affectant 4 052 élèves.
Un appel urgent à l’action
Face à ce constat alarmant, le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté réaffirme son engagement à préserver l’accès à l’éducation malgré la crise.
En collaboration avec divers partenaires, des mesures d’urgence ont été mises en œuvre : réinscription des élèves déplacés dans des écoles d’accueil et développement de solutions alternatives d’apprentissage.
Parallèlement, une mobilisation de ressources est en cours pour reconstruire les infrastructures scolaires détruites, protéger les établissements à risque et fournir un soutien psychosocial aux élèves affectés.
Vers un avenir où l’éducation ne sera plus une victime de la Guerre
Cette situation critique, qui affecte plus de 1 899 890 enfants avec 5 927 écoles fermées dans les provinces du Kivu, met en lumière l’urgence d’une réponse coordonnée pour garantir un environnement propice à l’apprentissage.
L’éducation ne doit jamais être une cible de guerre. La restauration des infrastructures, la protection des écoles et la prise en charge des élèves déplacés sont des priorités absolues pour éviter que des générations d’enfants ne soient privées de leur avenir.
Vers un renouveau éducatif malgré la tourmente
Alors que la guerre d’agression continue d’empêcher l’accès à l’éducation dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, le gouvernement et ses partenaires doivent intensifier leurs efforts pour rétablir des conditions sécurisées et favorables à l’apprentissage.
La mobilisation urgente des ressources et la mise en œuvre de mesures de reconstruction sont essentielles pour offrir aux enfants congolais l’opportunité de poursuivre leur éducation et de bâtir un avenir meilleur, en dépit des défis posés par le conflit.
Lydia Mangala


