Lors du panel sur la gouvernance, la paix et les droits humains, tenu dans le cadre de la commémoration des 80 ans des Nations Unies, la Coordonnatrice nationale de l’ONG Femmes Main dans la Main pour le Développement Intégral (FMMDI), Nathalie Kambala Luse, a livré un plaidoyer en faveur d’une société civile indépendante, proactive et inclusive, véritable sentinelle de la démocratie et de la paix en République Démocratique du Congo.
La société civile, sentinelle de la paix et actrice de la redevabilité

Connue pour son engagement constant dans la défense des droits des femmes et des filles, Nathalie Kambala a rappelé que la société civile joue un rôle essentiel dans la veille citoyenne, le contrôle de l’action publique, la médiation sociale et la promotion des droits humains.
« La société civile est la sentinelle à la recherche de la paix. Elle a pour mission d’interpeller, de contrôler et de proposer. C’est elle qui maintient le lien entre le peuple et les institutions, dans la transparence et la responsabilité », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné que la société civile, lorsqu’elle reste fidèle à sa vocation humanitaire et citoyenne, constitue un pilier indispensable du processus démocratique et de la cohésion nationale.
Des obstacles persistants : politisation, manque de moyens et déficit d’accès à l’information
Malgré son rôle crucial, la société civile congolaise fait face à de multiples défis qui fragilisent son efficacité et son indépendance.
Parmi ceux-ci, la politisation de certaines structures, le manque d’accès au financement, et la faible disponibilité de l’information publique demeurent des obstacles majeurs.
« Aujourd’hui, il devient difficile de distinguer la société civile authentique, engagée pour le bien commun, de celle instrumentalisée par la politique. Ce phénomène affaiblit notre crédibilité et empêche une participation citoyenne réelle », a dénoncé Nathalie Kambala.
Elle a également plaidé pour une institutionnalisation claire du cadre de concertation nationale et provinciale des organisations de la société civile, afin d’assurer une meilleure coordination et une représentativité équilibrée des acteurs.
« Nous devons structurer nos actions, diagnostiquer nos forces et faiblesses, et parler d’une même voix pour peser davantage sur les politiques publiques », a-t-elle recommandé.
Femmes et jeunes : moteurs de la paix et du changement social
Féministe engagée et militante de terrain, Nathalie Kambala a consacré une partie de son intervention à la place des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix et la gouvernance participative.
« Les femmes et les jeunes sont des acteurs clés dans la recherche de la paix. Leur voix doit être entendue et leur contribution valorisée. Il faut les inclure davantage dans les cadres de concertation et dans les instances de décision », a-t-elle plaidé.
Elle a également dénoncé certaines pratiques discriminatoires et coutumières qui continuent d’exclure les femmes victimes de violences sexuelles ou de violations des droits humains.
« Trop souvent, la société stigmatise les femmes victimes au lieu de les soutenir. Nous devons abolir ces amendes coutumières injustes et œuvrer à la réunification des familles détruites par les violences », a-t-elle martelé.
Un appel à agir sur les causes profondes des conflits
Dans une approche lucide et réaliste, Nathalie Kambala a exhorté les acteurs politiques, les Nations Unies et les organisations de la société civile à s’attaquer aux causes profondes des conflits plutôt que d’agir seulement en réaction.
« Il faut cesser d’attendre que les crises éclatent pour chercher des solutions. L’avenir du Congo passe par la prévention, par des politiques inclusives et par une gouvernance équitable », a-t-elle insisté.
Elle a salué la volonté du Système des Nations Unies d’impliquer la société civile dans la mise en œuvre du Cadre de Coopération 2025–2029, notamment dans les secteurs de la paix, de la gouvernance, des droits humains et de la justice sociale.
FMMDI : un engagement concret sur le terrain

À travers l’ONG Femmes Main dans la Main pour le Développement Intégral (FMMDI), Nathalie Kambala œuvre depuis plusieurs années pour l’autonomisation des femmes, la promotion de leurs droits et la prévention des violences basées sur le genre.
Présente principalement dans le Grand Kasaï et à Kinshasa, son organisation mène des initiatives concrètes dans les domaines de la lutte contre les violences sexuelles et domestiques, la promotion de l’éducation des filles, la protection des personnes vivant avec handicap et la sensibilisation communautaire sur la paix et la justice sociale.
FMMDI accompagne également des femmes victimes de violences dans leur prise en charge juridique et psychologique, et milite pour la reconnaissance légale de leurs droits successoraux et matrimoniaux.
« Nous ne sommes pas simplement une ONG féministe, nous sommes une organisation humaniste, engagée pour la dignité de tous : femmes, hommes, jeunes et enfants », a conclu Nathalie Kambala.
Une voix féminine forte pour un Congo équitable et pacifique
L’intervention de Nathalie Kambala a été saluée par les participants au panel, qui y ont vu une voix lucide, courageuse et inspirante pour l’avenir du mouvement citoyen congolais.
À travers son plaidoyer, elle a rappelé que la société civile doit demeurer un espace de conscience et de transformation, porteur d’un message d’unité, d’équité et de paix durable.
« Il y aura toujours des défis tant qu’il y aura le pouvoir, mais si nous attaquons les causes profondes, nous pourrons bâtir un Congo juste, prospère et en paix », a-t-elle conclu.
Lydia Mangala


