À la suite des récents événements qui ont bouleversé l’opinion publique congolaise, notamment la tentative de braquage à la Rawbank à Kinshasa, l’avocat et intellectuel Me Bia Hervé Michel invite à une réflexion plus large sur les violences qui gangrènent la société congolaise au-delà des armes et des crimes visibles. Et surtout, sur les vidéos qui circulent sur la prétendue suspecte.
Dans une analyse lucide et sans concession, il rappelle que certaines violences, notamment le viol et les agressions sexuelles, ne relèvent pas uniquement d’actes isolés, mais d’un phénomène social profondément enraciné dans la culture et la perception du genre au sein de la société.
« Il y aura toujours, dans les sociétés humaines, des individus isolés capables d’actes ignobles, jusqu’au viol », écrit-il.
« Mais le viol, en tant que phénomène social, est toujours le fruit de la place et de la perception de la femme dans la société. »
Une culture qui banalise la violence
Pour Me Bia, le problème ne réside pas seulement dans la criminalité individuelle, mais dans la normalisation culturelle de certaines attitudes. Il dénonce un environnement social où des comportements constitutifs d’agressions sexuelles sont banalisés, tolérés, voire justifiés, sous couvert de coutume, de séduction ou d’humour.
« Beaucoup de comportements qui sont des agressions sexuelles sont communément admis, et d’autres, qui ne le sont pas directement, constituent des violences physiques et psychologiques. Ces dernières préparent les esprits à accepter certains types d’agressions sexuelles dans notre société. »
Une responsabilité collective
L’avocat plaide pour une prise de conscience collective, estimant que la lutte contre le viol ne peut pas se limiter à la répression pénale. Elle doit s’accompagner d’un travail culturel, éducatif et moral, afin de transformer la perception du rapport entre les sexes.
« Je ne dirai pas qu’il y a dans chaque homme congolais un violeur en puissance, ni dans chaque femme congolaise une victime silencieuse », nuance-t-il.
« Mais il existe une perception collective qui favorise les viols — et cette perception, elle, est bel et bien partagée. »
Vers un sursaut éthique
Au-delà de la dénonciation, Me Bia appelle à un sursaut moral et éthique, estimant qu’une société qui veut éradiquer la violence doit commencer par reconnaître ses complicités silencieuses.
Changer la loi ne suffit pas, souligne-t-il ; il faut changer les mentalités.
Joséphine Mawete


