
Après les violences et les pillages qui ont secoué Kinshasa le 28 janvier, la fermeture du supermarché S&K « Utex » marque un tournant inquiétant. Cette fermeture dépasse le simple cadre commercial. Officiellement motivée par des travaux de maintenance, cette suspension d’activité reflète une réalité plus profonde : l’instabilité actuelle met en péril des centaines d’emplois et accentue le risque d’une crise économique. Alors que de nombreux Congolais dépendaient de cette enseigne pour leur subsistance, cette fermeture soulève des questions sur l’avenir du commerce et de l’investissement en RDC.
Depuis plusieurs mois, le climat économique congolais est marqué par des tensions croissantes, exacerbées par l’instabilité politique et sécuritaire. Les pillages qui ont visé plusieurs commerces, dont S&K, traduisent un malaise profond et fragilisent davantage le tissu économique. Ce type d’incidents ne se limite pas à des pertes matérielles : ils créent un climat d’incertitude pour les investisseurs et risquent d’accélérer la fermeture de plusieurs enseignes déjà éprouvées par un contexte difficile.
Le secteur du commerce moderne en RDC repose en grande partie sur la présence de supermarchés et de grandes surfaces qui garantissent des milliers d’emplois directs et indirects. À travers des enseignes comme S&K, ce sont des centaines de Congolais qui dépendent de ces structures pour subvenir à leurs besoins. La fermeture du supermarché laisse ainsi des dizaines de travailleurs dans une situation précaire, avec une incertitude quant à la reprise de leurs activités.
Au-delà des emplois perdus, cette situation risque d’accentuer la crise sociale qui couve déjà dans la capitale. Avec la montée du chômage, la demande sur le marché de l’emploi devient plus forte, alors que les opportunités restent limitées. Les conséquences pourraient être multiples : hausse de la pauvreté, augmentation de l’économie informelle, et surtout un pouvoir d’achat qui continue de s’éroder pour les ménages congolais.
Sur le plan économique, une vague de fermetures dans le secteur commercial affecterait la circulation de la monnaie et la consommation locale. Une baisse des activités des grandes surfaces impacterait les fournisseurs congolais qui approvisionnent ces magasins, accentuant le ralentissement économique du pays.
Face à cette réalité préoccupante, la direction du supermarché S&K « Utex » a annoncé la suspension de ses activités pour une durée indéterminée, officiellement pour des raisons de maintenance.
« Nous vous informons que votre supermarché S&K ‘Utex’ sera fermé pour maintenance jusqu’à nouvel ordre. Nous vous remercions pour votre confiance et avons hâte de vous accueillir à nouveau le plus tôt possible », indique un communiqué publié ce mercredi.
Toutefois, cette fermeture semble être une réponse directe aux pillages survenus récemment, mettant en péril la sécurité du personnel et des infrastructures. Elle pourrait marquer le début d’un repli plus large des investisseurs du secteur de la distribution, qui hésitent déjà à poursuivre leurs activités dans un environnement devenu instable.
Dans un tel contexte, la réouverture de S&K et d’autres enseignes dépendra en grande partie des mesures de sécurité mises en place par les autorités. Restaurer la confiance des investisseurs passe par une gestion efficace de la crise et des garanties pour protéger les commerces contre d’éventuelles nouvelles violences.
La situation actuelle rappelle l’urgence de politiques économiques adaptées, visant à protéger les emplois et encourager le développement du secteur formel. Car si ces fermetures se multiplient, la RDC risque de voir son économie encore plus fragilisée, avec des conséquences à long terme sur la stabilité sociale du pays.

Lydia Mangala

