Dans un contexte marqué par la crise sécuritaire persistante à l’Est de la République démocratique du Congo, l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC) a organisé, ce 4 février, une conférence exceptionnelle sur le rôle du journaliste en période de guerre. L’événement, tenu sous le haut patronage du recteur de l’université, le professeur émérite Jean-Richard Kambayi Bwatshia, s’inscrit dans la dynamique d’un éveil patriotique et d’un soutien aux Forces Armées de la RDC (FARDC).
Dès l’ouverture de la conférence, le professeur Deogratias Namegabe, secrétaire général en charge de la recherche, a rappelé l’objectif de cette rencontre. « Nous sommes rassemblés ici pour répondre à l’appel de la ministre de l’ESU, Professeure Docteure Marie-Thérèse Sombo, et pour exprimer notre solidarité avec nos vaillants soldats. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à la détresse de nos compatriotes de l’Est », a-t-il déclaré avec gravité.
Marquant un temps de recueillement, l’assemblée a observé une minute de silence en mémoire des militaires tombés sur le champ de bataille. Puis, s’adressant particulièrement aux étudiants, le professeur Namegabe a lancé un appel fort :
« Ne laissez pas le pays tomber ! Si nous baissons les bras, nous perdrons tout. Il est temps de prendre une forte résolution et de s’engager, chacun à son niveau, pour défendre notre nation. »

Dans le même esprit, le doyen de la faculté, Philippe Ntonda, a replacé le conflit dans un cadre plus large. Selon lui, la guerre actuelle n’est pas un phénomène isolé mais le résultat d’une longue histoire d’agressions et d’exploitation des ressources congolaises.
« L’invasion de la RDC par des groupes armés étrangers ne date pas d’hier. Ce qui se passe aujourd’hui à Goma est intolérable, mais nous devons comprendre que cette guerre est avant tout une guerre économique. Nos minerais sont pillés, et nos populations en paient le prix. »
L’un des moments clés de la conférence a été la leçon académique du professeur Pierre Nsana, spécialiste des médias et auteur du livre Médias et conflits en RDC : les journalistes en danger, le journalisme en chantier, publié en octobre dernier chez L’Harmattan.
Dressant un état des lieux du journalisme en période de conflit, il a insisté sur les tensions récurrentes entre les journalistes et les militaires.
« La transparence, idéal du journalisme, ne convient guère aux parties en conflit. Les journalistes veulent informer, les militaires veulent protéger des secrets stratégiques. Ce rapport est inévitablement tumultueux », a-t-il expliqué.
Abordant les différentes manières dont les journalistes peuvent être impliqués dans la guerre, il a identifié trois paradigmes :
« L’instrumentalisation, où les journalistes dominent l’information militaire ; la collaboration, où l’armée agit sans la presse ; et l’incertitude, accentuée par le Web 2.0 qui rend le contrôle de l’information presque impossible en temps de crise. »
Il a enfin exhorté les journalistes congolais à une prise de conscience collective.
« Nous devons nous interroger sur la véritable nature de cette guerre : s’agit-il d’un conflit interne ou d’une agression extérieure ? La réponse à cette question doit guider nos choix éditoriaux. »
Prenant la parole en clôture de la conférence, le recteur de l’université, le professeur Jean-Richard Kambayi Bwatshia, n’a pas mâché ses mots.
« Pourquoi le peuple congolais meurt-il ? À cause d’un complot international, économique et politique qui nous condamne à la souffrance ! » a-t-il martelé.
Fustigeant l’inaction de la communauté internationale face à l’ampleur des massacres, il a lancé un message sans équivoque : « Abat le complot ! Abat le complotisme ! Abat les complotistes ! »
Il a également mis en évidence l’exploitation des ressources naturelles comme cause principale du conflit.
« Ce qui se passe en RDC est un pillage systématique de nos minerais stratégiques. Pendant que nos frères et sœurs de l’Est subissent un véritable drame humanitaire, d’autres s’enrichissent sur notre dos. »
Appelant à une prise de conscience nationale, il a exhorté toute la communauté universitaire à se mobiliser :
« Nous devons soutenir sans faille nos FARDC et nos combattants wazalendo. Nous devons aussi barrer la route aux traîtres et aux criminels qui sabotent notre souveraineté. »
Enfin, il a invité les médias à jouer pleinement leur rôle dans cette bataille pour la vérité.
« Trop longtemps, nous avons laissé d’autres raconter notre histoire à notre place. Il est temps que les journalistes congolais prennent leurs responsabilités et informent le monde sur la réalité du drame que nous vivons. »
En réunissant des experts, des universitaires et des étudiants, cette conférence de l’UNISIC a permis de mettre en lumière les responsabilités du journaliste en période de guerre. Plus qu’un simple acteur de l’information, il est un témoin clé des événements et un maillon essentiel dans la lutte contre la désinformation et la manipulation.
Face aux défis actuels, le message des intervenants a été clair : le journalisme congolais doit être un journalisme engagé, éclairé et conscient de son rôle dans la défense de la souveraineté nationale.
Lydia Mangala



Un commentaire
Pouvez vous me dire quel est le nom de journaliste que la presse congolaise à pue envoyée à l’est du pays pendant cette guerre ?