La pression monte sur le régime de Paul Kagame alors que les députés européens se réunissent ce jeudi 13 février à Strasbourg pour voter une résolution condamnant l’agression rwandaise contre la République démocratique du Congo (RDC). Soutenue par plusieurs groupes parlementaires, cette résolution appelle à des mesures fortes, notamment la suspension de l’accord minier entre l’Union européenne (UE) et le Rwanda, le gel de l’aide militaire et le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais.
Les eurodéputés dénoncent avec vigueur l’occupation de Goma et d’autres territoires de l’est de la RDC par l’armée rwandaise et le groupe armé M23. Cette situation, qualifiée de « violation inacceptable » de la souveraineté congolaise, a conduit les parlementaires à exiger un retrait immédiat des troupes rwandaises.
Outre la question de l’occupation, le texte déplore les nombreuses exactions commises dans la région. Exécutions sommaires, viols, enrôlement forcé de jeunes combattants, pillage des ressources naturelles : autant de crimes de guerre imputés au M23 et aux Forces rwandaises de défense (RDF).
L’une des mesures phares de cette résolution est la demande de suspension immédiate du protocole d’accord UE-Rwanda sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières. L’objectif est d’empêcher Kigali de tirer profit des minerais extraits illégalement des zones sous contrôle du M23.
Cette décision est motivée par la volonté de garantir plus de transparence dans le commerce des ressources naturelles. Les députés exhortent ainsi les institutions européennes à interdire l’entrée dans l’UE de tout minerai provenant de zones de conflit, insistant sur l’importance de renforcer les mécanismes de traçabilité.
L’est de la RDC regorge de minerais stratégiques comme le cobalt, l’étain et l’or, essentiels à l’industrie technologique mondiale. Selon les Nations unies, le M23 expédie environ 120 tonnes de coltan chaque mois vers le Rwanda, générant des revenus estimés à 288 000 euros mensuels.
Ces minerais sont ensuite exportés vers les marchés internationaux, renforçant ainsi la position économique du Rwanda. C’est dans ce contexte que les eurodéputés appellent à des sanctions économiques renforcées afin de priver Kigali de ces bénéfices illicites.
Autre point crucial de la résolution : la suspension de l’aide budgétaire et militaire de l’UE au Rwanda. Entre 2021 et 2024, Bruxelles a accordé à Kigali 260 millions d’euros de financement, avec une promesse de 900 millions d’euros supplémentaires via la stratégie Global Gateway.
Les parlementaires demandent un gel immédiat de ces financements tant que Kigali ne prouve pas son désengagement total de l’est congolais. Ils préconisent également un embargo européen sur les armes destinées aux forces rwandaises et au M23.
Cette offensive diplomatique de l’UE risque de compliquer la position du Rwanda sur la scène internationale. Habitué à bénéficier du soutien de certains partenaires occidentaux, Paul Kagame pourrait voir son réseau d’alliances fragilisé.
Toutefois, reste à savoir si ces sanctions seront appliquées avec fermeté et si elles auront un impact réel sur la stratégie militaire rwandaise. Car malgré les nombreuses condamnations internationales, Kigali a jusqu’ici poursuivi son ingérence en RDC sans être réellement inquiété.
Cette résolution du Parlement européen sera donc un test crucial pour évaluer la volonté de l’UE d’agir concrètement contre l’instabilité dans la région des Grands Lacs.
Lydia Mangala


