La République démocratique du Congo continue de faire face à une crise sécuritaire et humanitaire alarmante dans sa partie orientale. Dans ce contexte, le Procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a entamé une visite de travail à Kinshasa, où il a été reçu par le Président Félix Tshisekedi, le mardi 25 février 2025, à la Cité de l’Union africaine.
Cette rencontre a marqué un tournant important dans la coopération entre la CPI et les autorités congolaises en matière de justice internationale.
L’un des points saillants de cette visite a été l’appel lancé par le Procureur de la CPI à tous ceux qui disposent de preuves sur des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide commis dans les zones sous occupation de l’armée rwandaise et du groupe armé M23. Karim Khan a insisté sur l’importance de recueillir ces témoignages pour bâtir des dossiers solides contre les responsables de ces atrocités.
« Ceux qui ont des preuves sur des crimes de génocide, crimes de guerre ou crimes contre l’humanité sont priés de les envoyer sur le site de la CPI », a-t-il déclaré.
L’objectif de cet appel est de garantir que les auteurs de ces crimes ne restent pas impunis et que justice soit rendue aux victimes.
Depuis la signature d’un protocole d’accord entre la RDC et la CPI en 2023, la Cour suit de près la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Lors de son séjour, Karim Khan a rencontré le Président de la Cour constitutionnelle et du Conseil Supérieur de la Magistrature, Dieudonné Kamuleta. Ce dernier a réaffirmé la disponibilité du pouvoir judiciaire congolais à collaborer avec la CPI pour que justice soit rendue aux victimes des crimes les plus graves.
« Le pouvoir judiciaire congolais est prêt à accompagner la CPI dans sa mission afin que les auteurs d’atrocités en RDC soient jugés et sanctionnés », a déclaré Dieudonné Kamuleta.
Cette coopération vise à renforcer la capacité de la justice nationale à poursuivre les criminels et, éventuellement, à envisager la mise en place d’une Cour pénale spéciale pour la RDC.
Dans cette optique, une Conférence internationale sur la paix, la sécurité et la justice est prévue en avril prochain à Kinshasa. Selon le professeur Taylor Lubanga, chargé du suivi de la coopération RDC-CPI, cette conférence servira de cadre d’échanges pour comprendre les causes profondes de l’instabilité qui sévit dans l’Est du pays et explorer les solutions juridiques les plus adaptées.
L’un des axes majeurs de cette conférence sera l’examen des mécanismes de justice existants et la possibilité de créer une juridiction spécialisée pour traiter les crimes les plus graves commis en RDC.
La visite de Karim Khan en RDC intervient dans un contexte où les populations de l’Est subissent de plein fouet les violences des groupes armés. La communauté internationale, à travers la CPI, envoie un message fort : les criminels ne resteront pas impunis.
En s’adressant aux victimes et à ceux qui détiennent des preuves, la CPI leur offre une plateforme pour faire entendre leurs voix. Ce travail de documentation est essentiel pour établir les responsabilités et permettre d’éventuelles poursuites judiciaires contre les responsables des atrocités.
Signalons que l’arrivée du Procureur Karim Khan en RDC et les engagements pris lors de ses rencontres avec les autorités congolaises témoignent d’une volonté commune de lutter contre l’impunité. Le travail de la CPI en collaboration avec la justice congolaise pourrait marquer un tournant dans la quête de justice pour les victimes des violences dans l’Est du pays.
Lydia Mangala


