L’Assemblée régionale Afrique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a adopté, le mardi 3 juin 2025 à Cotonou, une déclaration forte à l’issue de sa 31ᵉ session.
Les parlementaires francophones venus de tout le continent ont examiné le rapport de la mission de bons offices menée du 26 au 28 mai à Kinshasa et à Kigali.
Confrontés à la montée des violences armées, à la détérioration des droits humains et aux déplacements massifs de populations, ils ont tenu à partager leur profonde inquiétude et lancer un appel pressant à la retenue et à la concertation pour ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Une préoccupation partagée face à l’insécurité
Les députés francophones ont souligné que la République démocratique du Congo traverse une période extrêmement difficile, marquée par des affrontements répétés entre groupes armés, des exactions contre les civils et un climat d’insécurité qui fragilise l’ensemble du pays.
Ils ont aussi évoqué les tensions qui perdurent au Rwanda, estimant que les deux pays se trouvent dans une situation interdépendante où la violence, les violations des droits fondamentaux et les déplacements de populations aggravent une crise humanitaire déjà sévère.
Conscients de la gravité de la situation, les parlementaires se sont dits convaincus que seule une action collective et solidaire pourra mettre fin à ce cycle de violences.
Un appel à la retenue et au dialogue politique
Plutôt que de pointer du doigt l’un ou l’autre, l’Assemblée a appelé toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse des autorités congolaises, des responsables rwandais ou des mouvements armés, à reconnaître l’urgence de préserver la souveraineté et l’intégrité de chaque État.
Les parlementaires ont insisté sur l’importance de privilégier le dialogue politique et les mécanismes de médiation, estimant qu’en se montrant raisonnables et ouverts à la discussion, les acteurs impliqués auront une chance de désamorcer les tensions et de restaurer la confiance entre les communautés.
Ils ont encouragé le respect des accords existants et invité chacun à faire preuve de retenue, afin d’éviter que la situation ne s’enlise davantage.
Le soutien à la médiation africaine conduite par l’Union africaine
Reconnaissant le rôle central joué par l’Union africaine, sous la présidence de Faure Gnassingbé, dans la recherche de solutions durables à l’Est de la RDC, les parlementaires francophones ont apporté leur soutien total à cette médiation continentale.
Ils ont appelé à ce qu’une délégation de haut niveau, réunissant les présidents de chambres parlementaires africaines, se rende à Kinshasa et Kigali pour appuyer la mission de bons offices et représenter la voix de l’Afrique lors de la 50ᵉ session de l’APF prévue en juillet 2025 à Paris.
Selon eux, la présence de parlementaires au plus haut niveau témoigne de la volonté des institutions législatives africaines de s’engager pleinement aux côtés des dirigeants exécutifs en vue de trouver un règlement pacifique.
Encourager toutes les initiatives diplomatiques régionales et internationales
Au-delà de l’intervention de l’Union africaine, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie a souhaité saluer les efforts déjà entrepris par les Nations unies et d’autres acteurs internationaux.
Les parlementaires ont estimé que ces initiatives ne doivent pas rester isolées, mais être coordonnées afin de maximiser leur impact.
Ils ont mis en avant la nécessité de protéger la population civile, de combattre l’impunité pour les crimes commis et de soutenir les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration.
Dans cette logique, ils ont invité les organisations de développement et les bailleurs de fonds à renforcer leur appui aux projets humanitaires et aux infrastructures de base, en particulier dans les zones rurales et frontalières, pour prévenir l’enrôlement forcé de jeunes et limiter les mouvements de réfugiés.
Une diplomatie parlementaire active et solidaire
En clôture de leur déclaration, les parlementaires francophones africains ont réaffirmé leur engagement à promouvoir, au sein de leurs institutions respectives, une diplomatie parlementaire vigilante et solidaire.
Ils se sont donnés pour mission de relayer les préoccupations des populations, de faire entendre leurs voix au-delà des frontières et d’accompagner toutes les démarches visant à garantir la paix, la stabilité et la dignité des peuples de la région des Grands Lacs.
Conscients que la crise actuelle ne pourra être résolue uniquement par des accords bilatéraux ou des interventions ponctuelles, ils ont souligné l’importance de bâtir un consensus régional, où chaque État se sent responsable de l’avenir commun.
Lydia Mangala


