Le ton est ferme et la position claire. Le Ministre de la Communication et Médias, porte-parole du Gouvernement congolais, Patrick Muyaya Katembwe, a réagi avec vigueur aux propos tenus par le président français Emmanuel Macron, en marge de la Conférence internationale de Paris consacrée à la crise humanitaire dans la région des Grands Lacs.
Au cœur de la polémique se trouve la question de la réouverture de l’aéroport international de Goma, actuellement suspendue pour des raisons sécuritaires liées à l’agression rwandaise et aux activités du mouvement rebelle M23.
La souveraineté congolaise réaffirmée
Dans sa mise au point, Patrick Muyaya a tenu à rappeler que la gestion de l’espace aérien congolais et la décision de rouvrir un aéroport national relèvent exclusivement du Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC).
« La réouverture de l’aéroport de Goma se fera uniquement sur autorisation des autorités congolaises et uniquement pour des vols humanitaires qui seront effectués en journée », a précisé le porte-parole du Gouvernement.
Une précision qui intervient après des déclarations du président français évoquant la possibilité d’un accès humanitaire via Goma, sans référence explicite à l’autorisation préalable des autorités congolaises.
Une mise au point ferme face aux ingérences
Patrick Muyaya a, dans le même souffle, dénoncé les manœuvres et agitations du Rwanda et de ses alliés du M23, accusés de vouloir instrumentaliser la situation humanitaire à des fins politiques.
« Ce n’est ni l’agitation du père, le Rwanda, encore moins celle du fils, le M23, qui remettra en cause l’engagement de ceux qui, aux côtés du Président Félix Tshisekedi, d’Emmanuel Macron et de Faure Gnassingbé, se sont mobilisés aujourd’hui à Paris pour des millions de femmes et d’enfants qui ploient quotidiennement sous le joug des agresseurs et de leurs supplétifs », a-t-il déclaré.
Cette phrase, lourde de sens, traduit la volonté du Gouvernement congolais de défendre la souveraineté nationale et de refuser toute ingérence, quelle qu’en soit l’origine, dans les affaires internes du pays.
L’humanitaire, oui mais sous contrôle congolais
S’il a réaffirmé l’engagement du Congo en faveur de l’aide humanitaire, le ministre Muyaya a insisté sur le point qu’aucune opération ne se fera sans coordination et validation de Kinshasa.
Il a également souligné que les déplacés congolais réfugiés au Burundi pourront bénéficier d’une assistance humanitaire par le biais de l’aéroport de Bujumbura, garantissant ainsi que l’aide parvienne aux populations sans compromettre la sécurité nationale.
« Vouloir marchander ou s’opposer à une intervention humanitaire urgente en faveur de nos compatriotes est non seulement un déni, mais aussi une autre preuve de la barbarie et du cynisme de ceux qui gouvernent par crimes », a ajouté Patrick Muyaya, visant sans détour les dirigeants de Kigali et leurs soutiens.
Une diplomatie de clarté et de fermeté
La réplique du porte-parole du Gouvernement entre dans une diplomatie de vérité et de fermeté, chère au Président Félix Tshisekedi, qui ne cesse de plaider sur la scène internationale pour la justice, la paix et la fin de l’agression étrangère à l’Est du pays.
« À Paris comme à Bruxelles, notre voix a été clairement portée et surtout entendue. Une voix qui demande la vérité, la justice et la paix, une paix durable », a conclu Patrick Muyaya.
Un message de souveraineté et de responsabilité
En réaffirmant la compétence exclusive du Gouvernement congolais sur toute décision relative à la réouverture de l’aéroport de Goma, Patrick Muyaya rappelle que la RDC n’est pas une terre d’assistance dictée de l’extérieur, mais un État souverain, soucieux de protéger sa population tout en coordonnant lui-même les efforts humanitaires.
Ce rappel ferme, adressé à la communauté internationale, résonne comme un avertissement que la solidarité internationale est bienvenue, mais la souveraineté nationale demeure non négociable.
Lydia Mangala


