La Coalition pour les Réformes Électorales (CREC), en partenariat avec Democracy Reporting International (DRI), a organisé, le mercredi 4 juin 2025 à Kinshasa, un déjeuner d’échanges destiné à placer la jeunesse congolaise au centre du processus de réformes électorales.
Cette rencontre s’inscrit dans une série de consultations avec la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), les députés, les partis politiques et divers mouvements citoyens, afin d’impliquer activement les jeunes dans la réflexion et la diffusion des recommandations issues de la société civile.
Sensibiliser la jeunesse aux blocages actuels
Dès l’ouverture des discussions, les organisateurs ont rappelé que la jeunesse joue un rôle crucial :
« La jeunesse mobilise, elle vote, elle surveille et elle revendique. »
La coordination du projet a insisté sur la nécessité de sensibiliser cette frange active de la population aux dysfonctionnements du processus électoral actuel.
En exposant clairement les obstacles légaux et institutionnels qui entravent des élections justes, la CREC veut rendre les jeunes capables d’expliquer ces blocages à leurs pairs et de servir de relais au sein des quartiers, pour que le message atteigne la base.
Le Vade-mecum, base des échanges
Au centre de la discussion, le Vade-mecum a été présenté comme le document de référence, fruit d’une mutualisation de trente propositions issues des dix plateformes membres de la CREC.
Composé de dix recommandations stratégiques, ce guide vise à aligner le cadre juridique et institutionnel des élections en RDC sur les réalités locales et les standards internationaux.
Les participants ont pu échanger sur chaque recommandation, comprendre comment elles se confrontent au rapport d’autoévaluation de la CENI et pourquoi certaines propositions ont été retenues, tandis que d’autres ont été écartées.
Raphaël Ouattara : un plaidoyer fondé sur un rapport de force
Le professeur Raphaël Ouattara, coordonnateur du PACONEC, est intervenu pour expliquer l’importance de confronter les recommandations de la société civile avec les conclusions de la CENI.
Il a souligné que le succès du plaidoyer dépendrait de la capacité des mouvements citoyens à bâtir un rapport de force, nécessaire pour imposer ces réformes :
« S’il n’est pas favorable, les meilleures idées ne passeront pas. Nous comptons sur la jeunesse pour construire ce rapport de force, de manière pacifique et respectueuse. »
Selon lui, l’expertise combinée du Centre Carter, de la mission technique de l’Union européenne et d’experts locaux a permis d’aboutir à des recommandations d’un niveau rarement atteint, comparables à celles formulées lors des cycles électoraux les plus aboutis en Afrique.
Des jeunes déjà engagés
Parmi les participants, plusieurs représentants de mouvements citoyens ont salué cette initiative. Nadège Kiala, vingt-trois ans et membre d’un collectif pour la démocratie participative, a confié :
« C’est la première fois qu’on nous implique aussi directement. Je comprends mieux les enjeux et je me sens prête à en parler autour de moi, à mobiliser pour un vrai changement. »
De son côté, Jonathan Nseka, vingt-sept ans et membre d’un mouvement citoyen des jeunes, a insisté sur la nécessité de faire le lien entre les propositions du Vade-mecum et la réalité quotidienne des quartiers :
« Si nous, jeunes, ne portons pas ce combat, qui le fera ? »
Poursuivre la démarche inclusive
La CREC, soutenue techniquement par DRI et financée par l’Union européenne, s’engage à maintenir ce dialogue jusqu’à ce que les recommandations trouvent un écho auprès des décideurs politiques.
Les dix plateformes de la société civile impliquées parmi lesquelles la CEJP/CENCO, l’AETA, EBUTELI, SYMOCEL ou encore Rien Sans les Femmes entendent continuer à mobiliser, former et accompagner les jeunes à travers des ateliers, des rencontres de terrain et des campagnes de sensibilisation dans les provinces.
Portés par l’énergie des jeunes, ces efforts collectifs devraient contribuer à construire un système électoral plus transparent, plus inclusif et mieux à même de répondre aux aspirations de tous les Congolais.
Lydia Mangala


