Membre actif des organisations œuvrant pour les droits des personnes atteintes d’albinisme, Emmanuel Jidisa a livré une intervention marquante lors du panel sur la gouvernance, la paix et les droits humains, tenu dans le cadre de la célébration des 80 ans des Nations Unies.
Il a souligné que l’inclusion ne doit pas être un privilège, mais un droit.
« La participation n’est pas une faveur, c’est un droit »
Emmanuel Jidisa a insisté sur la nécessité de garantir à chaque citoyen, notamment les jeunes et les personnes vivant avec handicap, une participation réelle et significative dans les processus de gouvernance, de paix et de développement.
« La participation n’est pas une faveur, c’est un droit. Quand chacun trouve sa place, le monde avance », a-t-il affirmé avec force, rappelant que la gouvernance inclusive ne peut être effective que si toutes les composantes de la société y sont pleinement associées.
Pour lui, l’inclusion véritable passe par la reconnaissance des capacités des jeunes, la valorisation des compétences des personnes handicapées, et l’élimination de toutes les barrières qui entravent leur participation aux instances de décision.
Barrières persistantes : stigmatisation, inaccessibilité et manque d’opportunités
L’intervenant a décrit avec franchise les obstacles concrets qui limitent encore l’intégration des jeunes et des personnes en situation de handicap dans la vie publique et professionnelle :
– La stigmatisation sociale et les préjugés persistants,
– L’inaccessibilité physique des infrastructures, souvent non adaptées,
– Les barrières institutionnelles, comme l’exigence d’une expérience professionnelle préalable,
– Et le manque de formation et d’accès à l’information, notamment sur les Objectifs de Développement Durable (ODD).
« Beaucoup de jeunes ne savent même pas ce que sont les 17 ODD. Sans information, il n’y a pas de participation possible. Il faut éduquer, former et impliquer », a-t-il souligné.
Il a également dénoncé le manque de structures réellement ouvertes aux jeunes en quête d’opportunités et de reconnaissance, rappelant que les inégalités d’accès à l’emploi et à l’éducation nourrissent la frustration et accentuent la marginalisation.
« Pour être recruté aujourd’hui, on demande une expérience que la jeunesse n’a pas encore. Cela devient un cercle vicieux. Il faut donner la chance à chacun de prouver ce qu’il peut apporter », a-t-il expliqué.
Construire une société inclusive et résiliente : un impératif collectif

Face à ces défis, Emmanuel Jidisa a appelé à repenser la gouvernance congolaise dans une logique d’inclusion totale.
Il a encouragé les autorités publiques, les Nations Unies et les acteurs de la société civile à intégrer les besoins spécifiques des personnes handicapées et des jeunes dans toutes les politiques publiques et programmes de développement.
« Les bâtiments publics, les écoles, les lieux de travail doivent être pensés pour tous. Trop souvent, les décisions sont prises sans tenir compte des réalités de ceux qui sont laissés en marge. Une société inclusive, c’est une société qui planifie pour chacun », a-t-il affirmé.
Selon lui, cette transformation passe aussi par la sensibilisation communautaire et le renforcement de la résilience collective :
« La communauté doit être informée et consciente. Une population instruite et sensibilisée est le meilleur moteur de changement social », a-t-il exhorté.
Des jeunes engagés pour le changement
Tout en dénonçant les obstacles, Emmanuel Jidisa a tenu à rendre hommage à la jeunesse congolaise qu’il décrit comme courageuse, créative et déterminée à faire bouger les lignes.
Il a cité plusieurs exemples de mobilisations locales et initiatives communautaires portées par des jeunes dans des domaines tels que la gestion des déchets, la sensibilisation à l’environnement, ou encore la lutte contre la discrimination.
« J’ai moi-même découvert l’engagement à travers une formation en ligne. Depuis, je me suis investi dans ma communauté, en mobilisant d’autres jeunes pour des actions concrètes. Nous avons mené des activités dans les écoles pour parler d’écologie, de citoyenneté et de solidarité », a-t-il témoigné.
Ces expériences, selon lui, illustrent la capacité de la jeunesse congolaise à être actrice de transformation, à condition qu’elle soit écoutée, accompagnée et outillée.
Appel à la responsabilité collective et à l’égalité des chances
« L’inclusion n’est pas seulement un objectif, c’est une manière d’exister ensemble. Nous devons bâtir une société où chacun, quelles que soient ses différences, trouve sa place et contribue à la construction de la nation », a souligné Emmanuel Jidisa.
Il a plaidé pour que la voix des personnes vivant avec handicap soit entendue au même titre que celle des autres citoyens, et que leur expertise soit reconnue dans les politiques de développement.
« Je parle aujourd’hui parce que j’ai eu la chance d’être accompagné par une structure. Mais beaucoup d’autres n’ont pas cette opportunité. Il faut offrir cette chance à tous », a-t-il avoué.
Un message d’espoir pour une gouvernance réellement inclusive
À travers son témoignage, Emmanuel Jidisa a incarné la voix d’une jeunesse consciente, résiliente et porteuse d’espoir.
Son intervention a rappelé avec force que la gouvernance inclusive n’est pas seulement une exigence démocratique, mais une condition de paix et de développement durable.
Le public présent au panel a salué la clarté et la profondeur de son message, qui fait écho à l’esprit des 80 ans de l’ONU : « construire ensemble un monde de dignité, d’égalité et d’inclusion pour tous. »
Lydia Mangala


