Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, a poursuivi, le lundi 3 novembre 2025, son itinérance judiciaire dans la capitale congolaise.
Cette visite de terrain s’inscrit dans une démarche de diagnostic institutionnel visant à évaluer les conditions de travail dans les juridictions de Kinshasa et à identifier les priorités de réforme du système judiciaire congolais.
« La justice congolaise mérite mieux, et nous allons y travailler », a affirmé le ministre à l’issue d’une journée marquée par des constats saisissants et des échanges directs avec les magistrats, greffiers et responsables judiciaires.
Des conditions de travail alarmantes dans les juridictions de base

La première étape de la tournée a conduit le ministre au Tribunal de paix de Lemba, où il a découvert des conditions de travail extrêmement précaires.
« Nous n’avons qu’une seule machine pour tout le greffe », a confié un greffier au ministre, décrivant une situation où plus de 30 greffiers se partagent à peine 12 m², sans équipements informatiques ni espace d’archivage adapté.
Les dossiers judiciaires y sont entassés à même le sol, dans un environnement humide et insalubre. Le ministre a exprimé sa préoccupation face à cette réalité, tout en promettant d’agir pour moderniser les infrastructures et digitaliser le système judiciaire.
Des appels à l’aide et un engagement ferme du ministre
Au Tribunal de commerce de Kinshasa/Matete, le président Albert Katanga a lancé un véritable cri du cœur :
« C’est la toute première fois qu’un ministre de la Justice nous rend visite. Nous travaillons sans moyens, sans électricité et sans frais de fonctionnement. Si vous pouvez être notre interlocuteur auprès du gouvernement, nous pourrons mieux servir la justice », a-t-il plaidé.

Réagissant à ces propos, Guillaume Ngefa a promis d’intercéder auprès de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka ainsi que des ministres du Budget et des Finances afin de trouver des solutions rapides.

« Je prends ce problème à cœur. Le tribunal de commerce est essentiel pour améliorer le climat des affaires. Nous allons en discuter pour garantir vos droits à la rétrocession et renforcer vos capacités », a-t-il assuré.
Lutter contre les dérives et restaurer la confiance dans la justice

Au Parquet général de Kinshasa/Matete, le ministre s’est félicité de la détention de cinq avocats impliqués dans le phénomène des « foliomen », qu’il a qualifié de fléau à éradiquer.
À la Cour d’appel de Kinshasa/Matete, le Premier président Jean Kabangu Tshondo a salué la démarche du ministre et promis le soutien de sa juridiction dans le combat pour le redressement du système judiciaire.
« Nous allons tout faire pour que la justice retrouve ses lettres de noblesse. Avec nos propres moyens, nous avons construit une salle d’audience, une chambre disciplinaire et une bibliothèque », a-t-il assuré.

Il a par ailleurs plaidé pour l’introduction d’une loi sanctionnant les conservateurs fonciers impliqués dans les dérives liées aux dossiers immobiliers.
Le ministre Guillaume Ngefa a pris bonne note de cette proposition et affirmé que la lutte contre les antivaleurs et la corruption judiciaire demeure une priorité gouvernementale.
Entre constat, écoute et promesses de réforme

Le parquet de grande instance de Kinshasa-Kalamu a également reçu la visite du garde des Sceaux, où le procureur Jean Jacques Muteba a décrit un manque criant de moyens : 176 magistrats, dont 43 premiers substituts, travaillent dans des conditions de promiscuité sans locaux suffisants ni frais de fonctionnement.
« Je suis venu constater les réalités du terrain, écouter les magistrats et comprendre leurs difficultés. C’est à partir de ces constats que nous proposerons des réformes structurelles », a reconnu le ministre, en posture d’écoute, la gravité de la situation.
Enfin, au tribunal du travail et à l’auditorat militaire, le ministre a pris acte des besoins urgents en infrastructures et promis de collaborer avec ses collègues du gouvernement, notamment le ministre des Affaires foncières, pour obtenir des terrains destinés à la construction de nouveaux bâtiments judiciaires.
Une vision de réforme portée par le terrain
En clôturant cette journée dense d’itinérance, Guillaume Ngefa a souligné l’importance d’une justice bien dotée pour garantir le climat des affaires, la sécurité juridique et la confiance des citoyens.
« J’ai vu des greffiers entassés, des magistrats surchargés, mais aussi des hommes et des femmes passionnés par leur mission. Cette tournée me permet de mieux comprendre les défis et de bâtir une réforme adaptée aux réalités du terrain », a-t-il affirmé.
Le ministre de la Justice prévoit d’étendre cette tournée d’inspection aux provinces afin d’établir un état des lieux global du système judiciaire congolais.
Objectif : moderniser les juridictions, professionnaliser le personnel et restaurer la crédibilité de la justice, pilier essentiel de l’État de droit voulu par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Lydia Mangala


