Ce dimanche matin à Genève, la Première ministre de la République démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, est arrivée en Suisse pour représenter le chef de l’État, Félix Tshisekedi, lors du segment de haut niveau de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Accompagnée d’une délégation gouvernementale incluant notamment la Ministre des Droits humains, Chantal Chambu Mwadiamvita, le Ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembwe, ainsi que la Vice-ministre des Affaires étrangères, Grâce Yamba, Mme Suminwa a immédiatement captivé l’attention de la diaspora congolaise réunie dans la salle de l’Hôtel Intercontinental à Genève.
Lors d’une conférence-débat organisée avec la communauté congolaise de Suisse, Mme Suminwa a exposé avec force les grandes lignes des avancées réalisées depuis l’avènement du Président Félix Tshisekedi. Elle a évoqué les progrès accomplis par son gouvernement dans divers domaines, tout en rappelant la situation dramatique que traverse l’Est de la RDC, où la guerre d’agression imposée par le Rwanda se cristallise dans le carnage de Goma, faisant plus de 8 000 morts en seulement quatre jours, selon un bilan provisoire.

« Il y a des villes et localités qui sont occupées par l’armée rwandaise et les terroristes du M23. Il n’y a pas des provinces entièrement occupées en République démocratique du Congo. » a affirmé la première ministre congolaise.
Ces mots ont résonné comme un appel à la vigilance et à l’unité, soulignant que le conflit ne se limite pas à une occupation totale mais se manifeste par une ingérence ciblée qui menace la stabilité nationale.
Interrogée sur la stratégie de son gouvernement face à cette agression, Mme Suminwa a réitéré sa position en déclarant :
« Tous les Rwandais ne sont pas à mettre dans le même sac. C’est un individu et sa politique qui cherche à dominer la République démocratique du Congo. Nous sommes d’accord de dialoguer entre Congolais, mais pas avec ceux qui tuent les Congolais. »
Ces déclarations marquantes témoignent de la volonté de la RDC de distinguer entre la population rwandaise et la politique agressive menée par certains dirigeants de Kigali.

Au-delà de son discours incisif, la Première ministre a également évoqué les conséquences dramatiques des actions militaires dans l’Est. Elle a fait référence à la maison de Jean Paul Segihobe, désormais réduite en cendres à Goma, et a dénoncé le décès brutal de Raoul Songa, défenseur des droits de l’homme, abattu par les balles de l’armée rwandaise.
Face à ces tragédies, elle a lancé un appel pressant à la communauté internationale : « Les condamnations ne suffisent pas, il faut des sanctions », exhortant ainsi les responsables mondiaux à intensifier la pression sur le régime rwandais.
En échangeant avec la diaspora, elle a su capter l’attention et la solidarité d’une communauté dispersée à travers la Suisse, qui voit en elle l’incarnation d’un espoir de justice et de paix.
La visite de Judith Suminwa à Genève se révèle être bien plus qu’un déplacement diplomatique. Elle marque une étape cruciale dans la mobilisation internationale en faveur de la RDC, dans un contexte où la pression pour mettre fin à l’ingérence militaire et protéger les droits fondamentaux des citoyens congolais est de plus en plus forte. Tandis que la Première ministre s’apprête à intervenir devant le Conseil des droits de l’homme, ses paroles résonnent comme un appel universel à la responsabilité et à l’action pour restaurer la souveraineté et la dignité du peuple congolais.

La cheffe du gouvernement congolais, dont la présence à Genève est également motivée par la nécessité de défendre les droits de l’homme, participera dès lundi 24 février au segment de haut niveau du Conseil des droits de l’homme. Elle y portera le plaidoyer du gouvernement congolais, appelant à une révision radicale des politiques qui, selon elle, permettent à l’agression rwandaise de perdurer.
Lydia Mangala


