Ce vendredi 9 mai 2025, la deuxième journée de la 2e édition des Rencontres congolaises de recherche sur le journalisme, organisée par Lariscom à l’Institut National des Arts, consacrée aux jeunes chercheurs, a plongé dans une réflexion de fond sur le thème : « Le journalisme face à l’intelligence artificielle : Entre méfiance et révérence. »
Parmi les interventions remarquées, celle d’Allegra Bossay a retenu l’attention, mettant en lumière les enjeux éthiques et déontologiques liés à l’usage croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans les médias congolais.
À l’heure où les nouvelles technologies imposent vitesse, instantanéité et surproduction, le journalisme est confronté à de nouveaux défis.
Une IA déjà présente mais encore invisible

Selon Allegra Bossay, les journalistes congolais ont déjà recours à des outils comme ChatGPT ou Gemini pour reformuler ou corriger leurs contenus. Un usage souvent informel et discret, en raison d’un manque d’encadrement légal et déontologique.
Ce tabou naissant reflète un malaise plus profond : celui d’une profession qui évolue dans un cadre encore flou.
Un vide déontologique préoccupant
Ni le Code de déontologie congolais ni l’Ordonnance-loi de 2023 sur la presse ne mentionnent spécifiquement l’IA, laissant un vide juridique sur des questions cruciales :
– Qui est responsable du contenu généré ?
– Faut-il informer le public d’un usage d’IA ?
– Comment garantir la vérification des faits ?
Autant de zones grises qui posent problème.

Méfiance vs révérence : une tension palpable
Face à cette nouveauté, les réactions oscillent entre méfiance, vis-à-vis des deepfakes, des biais algorithmiques ou de la déshumanisation du journalisme, et révérence pour un outil perçu comme libérateur, capable de faire gagner du temps et de stimuler la créativité.
L’éthique comme dernier repère
En l’absence de régulation, l’éthique professionnelle devient la boussole. Allegra Bossay plaide pour une approche proactive et responsable :
– Former les journalistes à l’usage critique et éthique de l’IA sans attendre une loi.
– Maintenir la responsabilité éditoriale humaine : l’IA aide, mais ne décide pas.
– Renforcer la transparence en mentionnant clairement tout contenu co-écrit avec IA.
– Élaborer des chartes internes dans les rédactions.
– Favoriser une régulation douce, non punitive, accompagnant les professionnels dans cette transition.
Ces recommandations appellent à une prise de conscience collective. L’intelligence artificielle n’est pas un danger en soi, mais un levier qui exige rigueur, transparence et vigilance.
Le journalisme congolais a l’occasion d’anticiper plutôt que de subir, en posant dès maintenant les bases d’un usage éthique de l’IA dans les médias.
Lydia Mangala

