Lors du premier panel de la quatrième édition de Women Up, organisé par Le Zénith Magazine à l’Institut National des Arts de Kinshasa, Chantal Ngoyi Tshite Wetshi, femme politique et Directrice de cabinet honoraire au Conseil national de sécurité, a dressé un panorama du chemin parcouru pour la reconnaissance des droits des femmes et des obstacles qui restent à franchir.
Son intervention était axée sur l’impératif de transformer les conventions internationales en services concrets pour chaque femme congolaise.
Des conventions internationales aux lois congolaises

Chantal Ngoyi a d’abord rappelé que l’histoire du combat pour l’égalité entre les sexes a débuté dès 1948, avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, portée par les suffragettes, puis s’est poursuivie avec la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Ces jalons internationaux ont inspiré l’intégration de l’égalité dans la Constitution congolaise, en particulier l’article 14.
« Dès la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, les suffragettes ont ouvert la voie. Elles ont ensuite porté la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. », a-t-elle fait savoir.
Pour elle, ces avancées législatives doivent désormais s’accompagner de mesures d’application rigoureuses, sans quoi elles demeurent de simples lettres mortes.
La paix au quotidien : accès aux services de base

Selon Chantal Ngoyi, la paix ne se limite pas aux accords de haut niveau, elle commence dès que chaque femme peut assurer le bien-être de sa famille. L’accès à l’éducation, à l’eau potable, à l’électricité et à un logement sûr constitue, à ses yeux, le socle d’une stabilité durable.
« La paix, c’est d’abord l’accès aux services de base : l’éducation pour les enfants, l’eau, l’électricité pour cuisiner, un toit sûr », expliqua-t-elle.
Elle a souligné que ces facilités permettent à la femme de mieux exercer son rôle de gestionnaire de foyer et de pilier de sa communauté.
Rompre le silence sur les violences
Abordant la problématique des violences sexuelles, Chantal Ngoyi a dénoncé l’écart entre les lois existantes et leur application.
Elle a pointé la réticence de certaines familles à accompagner les victimes et le scepticisme de magistrats qui privilégient souvent le règlement à l’amiable.
« Une femme violée tente de porter plainte, mais elle se heurte souvent au silence de sa famille et au scepticisme d’un magistrat qui préfère régler à l’amiable » dit-elle.
Pour restaurer la confiance, elle a plaidé pour la création de cellules d’aide juridique et psychologique, capables d’épauler les survivantes dès la dénonciation des faits.
Imposer la responsabilité des auteurs de violences

Enfin, Chantal Ngoyi a insisté sur l’importance de la justice pénale.
« Les accords de paix ne suffisent pas si ceux qui ont commis des crimes ne sont pas jugés. », a-t-elle dit.
Elle a rappelé que seule une volonté politique constante, traduite par des lois fortes et un suivi citoyen, peut garantir que les dispositions de protection des femmes deviennent des réalités concrètes et non de simples intentions.
En somme, elle pense que l’égalité et la paix ne sont pas des luxes, mais des droits fondamentaux qui passent par l’effectivité des lois et l’accès aux services essentiels.
Chantal Ngoyi appelle à transformer le cadre juridique en actions tangibles invite chaque citoyenne et chaque citoyen à veiller à ce que la protection des femmes devienne le socle de toute démarche de paix durable en République démocratique du Congo.
Lydia Mangala


