Ces derniers jours, nous avons été témoins d’une appréciation notable du franc congolais (CDF) face au dollar : alors qu’on parlait d’un taux de 1 USD pour plus 2 800 CDF, aujourd’hui beaucoup de dollars détenus par des particuliers ont été convertis pour ne pas être surpris au lendemain par une baisse fulgurante du dollar Américain.
On parle d’appréciation, c’est vrai. Mais cette appréciation ne profite pas encore à la population. Pourquoi ? Parce que les prix ne baissent pas en même temps, ni suffisamment.
Par exemple :
– Le prix du carburant à la pompe a été officiellement baissé de 300 FC dans la zone ouest (de 2 990 FC à 2 690 FC pour l’essence)
– Pourtant, les courses en moto, les prix du transport urbain, et bien d’autres biens de consommation n’ont pas suivi cette baisse.
– Même si le dollar vaut aujourd’hui beaucoup moins de francs, le pouvoir d’achat réel ne progresse pas, car les vendeurs continuent de s’appuyer sur les anciens coûts.
Cela montre un désordre dans l’exécution des décisions économiques. Le gouvernement annonce des mesures, mais sans séquençage rigoureux, sans suivi, sans sanction. Ainsi, la population reste la plus grande perdante.
On ne peut pas traiter l’économie d’un pays comme on gère des travaux routiers à Kinshasa, en multipliant les interventions sans coordination. Résultat : tout se bloque.
Si le gouvernement ne met pas en œuvre des mesures consécutives et cohérentes, ce phénomène d’ »appréciation illusoire » pourrait se transformer en illusion économique, où les chiffres chutent mais la vie reste chère.
Il est temps d’exiger :
1. Que les prix des biens et services baissent proportionnellement et rapidement à la baisse du taux de change.
2. Que les secteurs du transport, de l’alimentation, des carburants soient réglementés pour garantir une répercussion effective.
3. Qu’un comité de suivi citoyen soit institué pour surveiller l’application des mesures.
4. Que les annonces ne soient pas que des mots, mais qu’elles soient accompagnées d’ordonnances exécutoires et de sanctions en cas de manquement.
Ce jour, je vous invite à regarder ce phénomène plus qu’une bonne nouvelle monétaire. Il est potentiellement dangereux s’il n’est pas accompagné d’une véritable volonté politique, d’un leadership responsable et d’un soutien structurel à l’économie réelle.
Christian La Grace Liolya


