
Le vendredi 31 janvier 2025, un moment décisif s’est joué pour la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), avec l’entrée en fonction du Général de Brigade Évariste Kakule Somo en tant que nouveau Gouverneur militaire de cette province stratégique. Sa nomination, intervenue quelques jours plus tôt, le 29 janvier 2025, par le président Félix Antoine Tshisekedi, intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que les violences liées aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, continuent de déstabiliser cette région et de mettre en péril la stabilité de l’ensemble du pays. Ce changement de gouvernance marque un tournant dans la gestion de cette crise, avec l’objectif clair d’une mobilisation générale des forces militaires et civiles pour reprendre les zones occupées par les rebelles et assurer la sécurité des populations locales.
L’investiture du général Kakule Somo s’est déroulée à Beni, une ville du Nord-Kivu particulièrement affectée par les violences liées à l’offensive des rebelles du M23. Dans son discours d’investiture, le nouveau gouverneur a pris un engagement fort, en déclarant que son bureau n’était ni à Beni, ni dans toute autre ville de la province, mais à Goma, une ville clé dans le conflit actuel. « Mon bureau est à Goma », a-t-il affirmé avec détermination, soulignant l’importance de la libération de cette ville stratégique, ainsi que des autres territoires sous occupation. Le général a appelé toutes les couches sociales de la région à se mobiliser et à l’accompagner dans cette bataille pour la reconquête des zones occupées, notamment celles de Goma, de Kanyabayonga et de Bwindi.
Cette prise de fonction s’inscrit dans une situation de guerre ouverte dans l’Est de la RDC, où les forces armées congolaises (FARDC) luttent contre les milices rebelles du M23, une rébellion soutenue par le Rwanda. La montée en puissance de cette rébellion, qui a pris le contrôle de plusieurs zones stratégiques dans le Nord-Kivu, a exacerbé les tensions régionales et la situation humanitaire. Les pertes en vies humaines sont dramatiques, avec des milliers de civils tués, blessés ou déplacés à cause des combats. La crise a également exacerbé les accusations de soutien externe, le Rwanda étant accusé par la RDC et plusieurs organisations internationales de soutenir et de fournir des ressources au M23. Cela a conduit à un renforcement des relations diplomatiques tendues entre la RDC et le Rwanda, accentuant les pressions sur le gouvernement congolais pour reprendre le contrôle du territoire national.
La nomination du général Kakule Somo intervient alors que la situation sur le terrain reste particulièrement volatile. Ancien commandant de la 31e Brigade de réponse rapide et reconnu pour sa gestion des opérations militaires dans les régions de Kanyabayonga et Bwindi, Kakule Somo bénéficie d’une réputation de combattant déterminé, prêt à prendre des décisions difficiles pour restaurer la paix et la stabilité dans le Nord-Kivu. Son expertise sur le terrain et sa connaissance des enjeux stratégiques de la région ont fait de lui le choix naturel du président Tshisekedi pour diriger cette guerre décisive contre le M23.
Lors de son discours, le général Kakule Somo a réaffirmé son engagement à défendre l’intégrité territoriale de la RDC, en mettant l’accent sur l’importance de l’unité nationale dans cette période de crise.
« Cette bataille est celle de toute la nation, et non seulement celle des forces armées », a-t-il souligné, appelant à un rassemblement de toutes les forces, qu’elles soient militaires, civiles ou politiques.
Selon lui, la victoire sur le M23 et les forces extérieures qui soutiennent cette rébellion ne pourra être obtenue qu’à travers un effort collectif, en rassemblant toutes les couches sociales et les institutions de l’État.
L’enjeu est immense. Goma, la plus grande ville de la province du Nord-Kivu, est un carrefour économique et stratégique. Sa prise par les rebelles a non seulement des implications sécuritaires majeures pour la RDC, mais elle affecte également l’ensemble de la région des Grands Lacs. Goma est une ville clé dans la lutte contre les rebelles et dans le rétablissement de la souveraineté congolaise. La prise de cette ville par le M23 a exacerbé la situation, menaçant la sécurité de toute la région et mettant en péril la vie de milliers de civils.
Le gouverneur Kakule Somo, en tant que figure militaire et désormais chef de la province, devra mener une double bataille : celle contre les rebelles, mais aussi celle pour regagner la confiance des populations locales. Ces dernières, souvent démunies et prises en otage dans le conflit, attendent des actions concrètes pour leur sécurité, ainsi que des mesures de reconstruction et de développement dans les zones dévastées par la guerre. La promesse d’une administration qui sera proche des réalités locales, et qui mettra en place des mécanismes de réponse rapide aux besoins urgents de la population, est donc au cœur des attentes.
Le rôle du gouvernement congolais sera également crucial dans cette bataille. Au-delà des opérations militaires, il sera nécessaire de déployer des efforts diplomatiques pour résoudre cette crise, en particulier en ce qui concerne les relations avec le Rwanda. La communauté internationale, notamment l’ONU et l’Union Africaine, doit également jouer un rôle de médiation pour faciliter une issue pacifique à ce conflit prolongé.
Ainsi, la prise de fonction du général Kakule Somo en tant que gouverneur militaire du Nord-Kivu représente un tournant dans la gestion de la crise à l’Est de la RDC. Si la bataille contre les rebelles du M23 et les forces extérieures se poursuit, l’appel à l’unité nationale lancé par le nouveau gouverneur est un message fort de résilience et de détermination pour la défense de la souveraineté congolaise. Le chemin reste semé d’embûches, mais la volonté de la population et des autorités congolaises de reconquérir leur territoire et de restaurer la paix et la stabilité semble plus forte que jamais.
Lydia Mangala

