Dans le cadre de la dixième édition d’Expo Béton RDC 2025, le panel sur les Chaînes de valeur minières et industrialisation locale a donné lieu à des échanges riches et stratégiques, notamment grâce à l’intervention de Popol Mabolia, Directeur Général du Cadastre Minier.
Popol Mabolia a souligné que le véritable défi du secteur minier congolais ne réside pas uniquement dans l’exploitation, mais dans la capacité de développer une politique systématique d’exploration et de valorisation des ressources.
Un constat : l’exploration insuffisante et mal organisée
Selon lui, la RDC dispose d’un potentiel géologique immense, mais ce potentiel reste sous-exploité faute de programmes conséquents d’exploration.
« Nous payons un problème, car nous avons les titres, mais pas toujours les moyens pour l’exploration », a-t-il déclaré.
Pour remédier à cette situation, il a proposé la mise en place d’un fonds dédié à l’exploration, pouvant s’inscrire dans une vision régionale de développement minier.
Ce fonds, selon le DG du CAMI, devrait permettre de consolider les données existantes et de les centraliser dans un système performant afin de faciliter la planification stratégique des activités minières.
« Nous avons des informations, mais elles ne sont pas suffisamment organisées pour être exploitées efficacement », a-t-il expliqué.
Vers une meilleure capitalisation des sociétés minières
Popol Mabolia a également pointé du doigt la structure actuelle de gestion des sociétés minières, qui laisse trop souvent la RDC en position minoritaire dans la capitalisation des richesses.
« Aujourd’hui, certaines sociétés produisent à plus de 90 % grâce à notre sous-sol, mais nous n’en tirons pas suffisamment profit », a-t-il souligné.
Il a insisté sur la nécessité de réviser les parts détenues par l’État et de mettre en place une structure permettant de mieux capitaliser et mutualiser les ressources minières au bénéfice du développement national.
« Si toutes ces sociétés valent 2 000 milliards de dollars, 10 % représente un enjeu colossal que nous devons protéger et valoriser », a-t-il affirmé.
Sécuriser les titres miniers
Le Directeur Général du Cadastre Minier a enfin abordé la question de la sécurisation des titres miniers, rappelant que des milliers de concessions existent, mais qu’elles manquent parfois de clarté juridique et technique.
Il a insisté sur l’importance d’un assainissement cadastral pour garantir la transparence et la fiabilité des titres, condition sine qua non pour attirer des investisseurs fiables et responsables.
Popol Mabolia a mis en lumière une approche stratégique qui dépasse l’exploitation brute des ressources. Il s’agit là de construire un écosystème minier durable, basé sur l’exploration, la sécurisation foncière, la valorisation des sociétés et une gouvernance renforcée.
À l’aube de la reconstruction de la RDC, cette vision constitue un appel fort à repenser la politique minière nationale comme levier majeur de développement économique.
Lydia Mangala