Une trentaine de détenus ont quitté la prison centrale de Kindu ce lundi 31 mars 2025, bénéficiant de la grâce présidentielle accordée par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo lors de son discours du 31 décembre 2024.
Cette libération, accueillie avec soulagement par les familles des bénéficiaires, a également mis en lumière l’état préoccupant des infrastructures carcérales dans la province du Maniema.
Une libération en présence des autorités provinciales
La cérémonie de libération s’est déroulée en présence d’un large éventail d’autorités, parmi lesquelles le gouverneur du Maniema, Moïse Mussa Kabwankubi, ainsi que des représentants des forces de l’ordre et du système judiciaire.
Les familles des ex-détenus, venues nombreuses, ont exprimé leur reconnaissance envers le Chef de l’État, saluant cette décision qui leur permet de retrouver leurs proches.
Prenant la parole, le gouverneur Mussa Kabwankubi a tenu à rappeler aux libérés que cette grâce ne devait pas être perçue comme un passe-droit, mais comme une seconde chance :
« La grâce efface vos fautes passées, mais ne vous immunise pas. Si vous commettez de nouvelles infractions, vous reviendrez ici. La prison n’est pas faite pour vous briser, mais pour vous rééduquer. »
Un avertissement clair, visant à dissuader toute récidive et à encourager une réinsertion réussie dans la société.
Un signal fort, mais une prison en état de délabrement avancé
Si cette libération a été accueillie comme une bouffée d’air frais pour les ex-détenus et leurs familles, elle a également mis en lumière les conditions précaires de détention à Kindu.
Le directeur de la prison, Victor Kankolongo, a saisi cette occasion pour interpeller les autorités sur l’état alarmant de l’établissement pénitentiaire. Il a appelé à une intervention urgente, soulignant que l’infrastructure ne répond plus aux normes de détention dignes et humaines.
Le manque de ressources, la surpopulation carcérale et l’insalubrité font de cette prison un lieu de privation extrême, où les conditions de vie sont souvent dénoncées par les défenseurs des droits de l’homme.
Une réforme du système pénitentiaire en question
Cette remise en liberté massive illustre la volonté du président Tshisekedi d’alléger la surcharge carcérale, mais elle pose également la question des réformes nécessaires pour améliorer les conditions de détention et éviter la récidive.
Le cas de la prison de Kindu est loin d’être isolé. À travers le pays, de nombreux établissements pénitentiaires sont dans un état critique, manquant de moyens, de personnel qualifié et de programmes de réinsertion efficaces.
Si cette grâce présidentielle offre un nouveau départ à 32 anciens détenus, elle met aussi en exergue l’urgence de repenser la gestion des centres pénitentiaires en RDC. Une réflexion de fond s’impose pour que la prison joue pleinement son rôle de rééducation, sans tomber dans les travers d’une machine à broyer des vies.
L’acte de clémence du chef de l’État est donc un signal fort, mais pour qu’il ait un impact durable, il devra s’accompagner d’une politique plus large de réforme carcérale et de justice sociale.
Lydia Mangala


