Ancienne coordonnatrice des étudiants de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), ancienne présidente nationale des étudiants de la RDC, ambassadrice de paix et directrice de l’ONG Les Ailes du Cœur, Prisca Manyala a livré une intervention, le vendredi 31 octobre 2025 lors d’unevonfer’Eve organisée par la Dynamique Femme UNIKIN, autour du thème : « Innovation sociale : de l’idée à l’action ».
Femme de terrain et modèle de leadership féminin, elle a partagé un parcours marqué par la persévérance, la foi et la volonté d’impacter sa génération.
Sa réflexion sur l’innovation ne s’est pas limitée à la technologie mais est allée à faire comprendre une innovation ancrée dans les valeurs, l’intégrité et l’action concrète au service de la société.
Innover, c’est transformer l’existant avec une valeur ajoutée
Pour Prisca Manyala, innover ne consiste pas nécessairement à inventer quelque chose de nouveau, mais plutôt à faire différemment ce qui existe déjà, avec une empreinte personnelle.
« Innover, c’est observer ce qui se fait, identifier ce qui peut être amélioré et apporter sa propre touche », a-t-elle expliqué.
Elle a illustré son propos en évoquant ses débuts à l’Université de Kinshasa :
« Lorsque j’étais étudiante, j’entendais souvent dire qu’on ne pouvait pas réussir sans tricher. J’ai refusé cette logique, et j’ai choisi de faire différemment. Sur plus de 600 étudiants, nous n’étions que cinq à réussir la première session, et j’en faisais partie », a-t-elle rappelé avec fierté.
Cette attitude d’intégrité et de dépassement de soi a marqué le début de son engagement pour une jeunesse qui ose penser autrement.
De la réflexion à l’action : l’innovation comme moteur d’engagement
Revenant sur son parcours d’étudiante engagée, Prisca Manyala a expliqué comment sa volonté de faire autrement l’a menée à occuper des fonctions de leadership.
« Quand j’ai été élue coordonnatrice des étudiants, je voulais que ce rôle soit utile. J’ai voulu que les étudiants soient réellement encadrés, que la coordination soit un espace d’écoute et de service », a-t-elle confié.
Sa démarche reposait sur l’observation des besoins et la mise en œuvre d’actions concrètes. C’est ainsi qu’elle a introduit de nouvelles dynamiques de communication, de suivi et d’entraide au sein de la coordination, rompant avec les pratiques traditionnelles.
Mais son parcours d’innovation a commencé bien avant son mandat universitaire. Elle a raconté avec humour et humilité :
« En regardant le journal télévisé, j’ai vu une société qui recrutait des jeunes diplômés avec cinq ans d’expérience. Je me suis dit : « Comment avoir cinq ans d’expérience quand on vient d’obtenir son diplôme ? » C’est là que j’ai compris qu’il fallait acquérir de l’expérience pendant les études », a-t-elle expliqué.
De cette réflexion est née une initiative audacieuse :de cumuler études et volontariat professionnel. Elle a travaillé comme correctrice de textes pour des maisons d’édition, avant de rejoindre des ONG locales comme volontaire, une expérience qu’elle qualifie de déterminante :
« En tant qu’étudiante, le plus important n’est pas le salaire, mais l’expérience. C’est en apprenant aux côtés de ceux qui ont déjà parcouru le chemin que l’on se prépare à sa propre réussite », a-t-elle insisté.
L’innovation sociale comme levier de changement communautaire
Prisca Manyala considère que l’innovation sociale doit avant tout répondre à des besoins humains et communautaires.
Elle a partagé plusieurs exemples concrets issus de son parcours associatif notamment l’accompagnement des jeunes dans les universités, la création de cercles de discussion autour des valeurs et du leadership, ou encore la sensibilisation à l’intégrité dans les milieux estudiantins.
« Pour moi, l’innovation sociale, c’est transformer les mentalités. Ce n’est pas seulement une question d’outils ou de technologie, mais une question de valeurs », a-t-elle affirmé avec conviction.
C’est cet engagement qui l’a propulsée sur la scène nationale, jusqu’à devenir présidente nationale des étudiants de la RDC. À ce poste, elle s’est illustrée par son esprit d’initiative et sa proximité avec les jeunes :
« J’ai voulu être une vraie porte-parole des étudiants, défendre leurs droits, et représenter leurs aspirations avec dignité », a-t-elle déclaré.
Elle a rappelé que son mandat s’était distingué par des actions concrètes et visibles, notamment dans la réhabilitation de certaines infrastructures universitaires et dans le dialogue avec les autorités.
Rester soi-même : la clé d’une innovation authentique

En conclusion, Prisca Manyala a livré un message fort, presque philosophique, sur la nécessité de rester fidèle à soi-même dans un monde où la conformité est souvent valorisée.
« Dans tout ce que vous faites, restez vous-mêmes. Ne copiez pas les autres. Chaque personne a sa marque, sa différence, son unicité », a-t-elle exhorté.
À travers une métaphore simple, elle a illustré la beauté de la diversité :
« De la même manière que les jumeaux ne se ressemblent pas totalement, chacun de nous porte une empreinte unique. L’innovation, c’est cultiver cette singularité et en faire une force », a-t-elle souligné.
Elle a enfin invité les jeunes à prendre le temps de réfléchir, observer et agir avec sens :
« Innover, ce n’est pas forcément inventer un iPhone, c’est transformer son quotidien avec créativité et valeur ajoutée », a-t-elle conclu.
À travers son témoignage, Prisca Manyala a livré un message puissant sur la responsabilité individuelle et collective. Pour elle, innover, c’est refuser la facilité, agir avec intégrité et laisser une empreinte utile dans la société.
Son parcours illustre la force d’une jeunesse consciente, audacieuse et porteuse d’espérance, une jeunesse qui croit qu’en faisant différemment, on peut changer le monde à partir de soi-même.
Lydia Mangala


