La Ministre des Droits Humains, Chantal Chambu Mwavita, a été invitée, le 5 juin 2025 au Palais du Peuple à Kinshasa, par la Commission des droits de l’homme de l’Assemblée nationale pour faire le point sur la situation dramatique des droits humains dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Face aux députés, elle a exposé des preuves documentées d’atrocités systématiques perpétrées par les rebelles du M23/AFC, soutenus par le Rwanda, et a insisté sur l’urgence de faire toute la lumière sur ces crimes.
Un constat alarmant des violations massives

Au cours de son audition parlementaire, Maître Chantal Chambu Mwavita a décrit les scènes qui lui ont été rapportées : massacres de civils dans plusieurs villages assiégés, violences sexuelles à grande échelle visant particulièrement les femmes et les fillettes, déplacements forcés de familles entières à travers des routes périlleuses, exécutions extrajudiciaires d’habitants soupçonnés de collaboration, et actes de torture destinés à semer la terreur.
Selon la Ministre :
« ce que nous observons sur le terrain est d’une brutalité insoutenable. Il ne s’agit plus seulement de violations ponctuelles, mais d’un système organisé de terreur et de déshumanisation ».
En exposant ces éléments, elle a souligné l’ampleur des souffrances endurées par les populations civiles : enfants privés d’accès à l’éducation, communautés déplacées qui tentent de survivre dans des camps de fortune, et familles brisées qui recherchent désespérément des informations sur leurs proches disparus.
L’Est du pays, déjà fragilisé par des décennies de conflits, voit aujourd’hui ses structures sociales et économiques réduites en miettes, poussant la population à une extrême vulnérabilité.
Des preuves documentées des atrocités

La Ministre a présenté à la Commission plusieurs dossiers contenant des témoignages de survivants, des photos prises par les équipes humanitaires, ainsi que des rapports préliminaires d’enquête menés par des partenaires humanitaires présents sur le terrain.
Parmi les éléments exposés figuraient des notes de terrain décrivant des exécutions de masse dans des hameaux isolés, des dossiers médicaux attestant de violences sexuelles répétées, et des listes de victimes civiles transportées vers des centres de santé improvisés.
Chaque document a été contextualisé politiquement et géographiquement afin de démontrer que ces actes ne sont pas des incidents isolés, mais relèvent d’une stratégie concertée visant à démoraliser la population civile et à contrôler les zones riches en ressources.
La ministre Chambu Mwavita a expliqué que la collecte de ces informations avait exigé un travail permettant de vérifier l’authenticité des témoignages et d’établir la chaîne de responsabilité.
Elle a insisté sur le fait que l’État congolais se devait de rassembler ces preuves pour les présenter ultérieurement devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales.
Des réponses et mesures envisagées

Consciente de la complexité et de la sensibilité du dossier, la Ministre des Droits Humains a reconnu qu’elle ne disposait pas encore de réponses finalisées à toutes les questions soulevées par les députés.
Toutefois, elle a indiqué qu’elle reviendrait dès lundi prochain avec des compléments d’information étayés par les rapports de ses collaborateurs sur le terrain, ceux des partenaires humanitaires et des organes de justice transitionnelle déjà en préparation.
Elle a fait part de plusieurs actions que le gouvernement entend amplifier : renforcer les mécanismes de documentation des violations pour alimenter des procédures judiciaires, coordonner l’envoi de missions d’enquête conjointe avec l’armée congolaise et les organisations internationales, et promouvoir un suivi régulier des conditions de détention pour prévenir les cas de torture.
Elle a également évoqué la nécessité de mettre en place des programmes de soutien psychosocial pour les victimes de violences sexuelles et pour les enfants enrôlés de force dans les milices.
L’engagement du ministère pour la justice et la protection
En conclusion de son intervention, Chantal Chambu Mwavita a réaffirmé l’engagement indéfectible de son ministère dans la lutte contre l’impunité. Elle a déclaré :
« Notre mission est claire : faire la lumière sur les faits, assurer que justice soit rendue aux victimes, et maintenir la pression pour que les responsabilités soient établies ».
Par ces mots, elle a voulu souligner que le gouvernement congolais se doit non seulement de recueillir et de présenter des preuves, mais aussi de veiller à ce que chaque auteur d’atrocités soit identifié et poursuivi.
Le Ministère des Droits Humains entend poursuivre son plaidoyer auprès des institutions nationales, régionales et internationales pour obtenir les moyens nécessaires à l’ouverture effective d’enquêtes indépendantes.
Il s’agit aussi d’amplifier les campagnes de sensibilisation afin de mobiliser l’opinion publique congolaise et internationale contre ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Dans un contexte où la vie humaine est quotidiennement menacée, la posture adoptée par la Ministre montre que la question des droits fondamentaux reste au cœur des priorités nationales, même dans une région plongée dans la tourmente.
Lydia Mangala


