À l’occasion de la 4ᵉ édition de la Conférence Internationale Women UP, organisée par Le Zénith Magazine sous le thème central « Rôle de la femme dans la prévention des conflits et la construction de la paix », un second panel tout aussi captivant s’est tenu dans la salle de conférence de l’Institut National des Arts.
Ce panel, intitulé « La communication politique face aux enjeux de l’heure », a permis de faire émerger une réflexion de fond sur la place de la communication dans le débat politique contemporain.
La modération a été assurée par Christelle Mpongo, éditrice du Femme d’Afrique Magazine, et parmi les interventions tenantes figure celle de la Professeure Mbongo Pasi, Secrétaire générale administrative à l’UNISIC.
Une prise de parole percutante et pédagogique

Avec une passion vive et une pédagogie ancrée dans l’expérience du terrain, la Professeure Pasi a ouvert son intervention en revenant à l’essence même du thème : qu’est-ce que la communication politique ?
Selon elle, trop souvent, cette notion est galvaudée ou mal comprise. Il est indispensable de déconstruire les idées reçues pour mieux appréhender le rôle de cette discipline dans les dynamiques politiques.
La communication politique, a-t-elle expliqué, n’est pas seulement le fait de parler de politique. C’est un processus stratégique, où l’acteur politique, quel qu’il soit, cherche à faire adhérer le public à ses idées, à son projet, à sa vision, en s’appuyant sur les outils de communication, en particulier les médias.

« Pour être connu, il faut passer par les médias. Ils sont les instruments qui vous rendent visible », a-t-elle affirmé, insistant sur le fait que la communication politique est indissociable de la médiatisation.
Du marketing politique à la légitimité des femmes

Elle est allée plus loin en posant un diagnostic sur la structure des partis politiques congolais, qu’elle qualifie d’entreprises politiques.
Dans ces entités, a-t-elle dénoncé, la place des femmes reste marginale : souvent cantonnées à des rôles de trésorières ou d’intendantes, elles peinent à accéder aux responsabilités décisionnelles. Et même lorsqu’elles y accèdent, elles se heurtent à des résistances.
Elle en a témoigné par son propre parcours. Elle est la seule femme dans le comité de gestion de l’UNISIC, elle doit constamment défendre ses positions et faire valoir sa voix dans un espace majoritairement masculin.
« On ne vous laisse pas parler. On ne vous écoute pas. Et quand vous vous imposez, on vous accuse de ne pas connaître la politique », a-t-elle partagé avec force.
Communication numérique : entre opportunité et dérive

Elle a abordé la mutation de la communication politique à l’ère du numérique. Si les réseaux sociaux offrent des canaux d’expression puissants, ils peuvent aussi devenir des lieux de dérives.
La professeure s’inquiète de l’usage superficiel et souvent destructeur que certains en font. Pour elle, il ne suffit pas d’avoir des vues ou des likes pour légitimer une parole politique.
« Ce n’est pas parce que vous avez des vues sur TikTok que vous faites de la communication politique », a-t-elle rappelé avec rigueur, appelant les communicants à une véritable éthique et à une professionnalisation du discours, un appel à la structuration et à la pédagogie.
Elle a conclu en soulignant la nécessité de repenser les fondements de la communication politique, en liant responsabilité, pédagogie et vérité.
Elle a appelé les institutions, les médias et les écoles de communication à former, recadrer et accompagner les nouvelles générations pour éviter les dérives populistes ou sensationnalistes.
« La communication politique n’est pas le fait d’insulter, ni de dénigrer. Mais convaincre, structurer et proposer », a-t-elle martelé.
Une figure inspirante, un message d’impact

La Professeure Madeleine Mbongo Pasi s’est imposée lors de ce panel comme une voix autorisée, lucide et engagée, apportant un éclairage précieux sur les enjeux actuels de la communication politique, mais aussi sur les luttes silencieuses des femmes dans les sphères du pouvoir.
Sa parole, à la fois ferme et éclairée, résonne comme un appel à l’action pour plus de justice, d’équité et de rigueur dans les discours et dans les actes.

Il sied de noter que cette édition de la Conférence internationale s’est tenue sous le haut patronage de la Générale Major Justine SHESHI, Commandant du corps logistique et Point Focal Genre des FARDC, un engagement fort pour une paix durable portée aussi par des figures militaires féminines.
Lydia Mangala


