Les récents événements survenus à Kinshasa, précisément au rond-point Victoire, ont profondément choqué notre conscience collective, bouleversant la quiétude de nombreux habitants et déclenchant une onde de choc à travers la ville. La tentative audacieuse de braquage de la Rawbank/Victoire, orchestrée par un groupe d’individus dont une femme identifiée comme Honorine Porsche, a semé la peur et la consternation. En tant que citoyenne, je condamne fermement cet acte criminel, car aucun motif ne peut justifier la violence, le vol, ni la mise en danger de la vie d’innocents pris dans cet événement tragique et perturbateur.
Mais au-delà du crime flagrant, un autre drame s’est joué sous nos yeux ébahis, celui du traitement inhumain infligé à cette femme par ceux-là mêmes qui étaient censés garantir l’ordre et dispenser la justice sans partialité. Les images d’Honorine Porsche, déshabillée, humiliée, battue en public, ont glacé le cœur de plus d’un Congolais, soulevant une vague d’indignation nationale. Ce spectacle indigne, retransmis aux yeux de tous, ne traduit pas la force de la loi, mais démontre plutôt la faillite de notre sens collectif de l’humanité.
La justice véritable ne se rend pas dans la rue. Elle ne se déchausse pas de ses principes fondamentaux aux caprices de l’émotion populaire enflammée. Déshabiller une femme, même reconnue coupable, c’est franchir une limite morale et légale, c’est bafouer l’essence même des droits humains. C’est un acte qui frôle la barbarie, une violence qui s’apparente à une agression sexuelle, et qui insulte non seulement nos valeurs, nos institutions, mais aussi la dignité de toute femme congolaise.
Nous devons apprendre à distinguer clairement ce qui sépare la justice de la vengeance, la légitime fermeté de la cruauté gratuite. Si nous tolérons l’humiliation publique, utilisée comme instrument de répression, nous banalisons la torture et ouvrons la porte à l’arbitraire dangereux de tel ou tel acte abusif réalisé sous le couvert de la loi. Aujourd’hui, c’est une criminelle présumée. Demain, ce pourrait être n’importe quelle citoyenne, paysanne, ou mère de famille innocente.
J’appelle donc nos forces de l’ordre à plus de professionnalisme, à un strict respect des droits humains, et à une formation continue axée sur l’éthique, le respect du genre et la maîtrise de soi même en situations critiques. Et j’appelle chaque Congolais à refuser de se réjouir de la souffrance d’autrui, car une nation ne grandit ni ne prospère par la haine, mais bien par l’instauration de la justice équitable et inclusive.
« Condamner le crime, oui. Mais jamais au prix de notre humanité. »
Prisca Manyala


