Invitée sur le plateau de France 24, dans l’émission Le Rendez-vous Afrique, Sharufa Amisi, présidente de la Fondation BOMOKO, a livré un témoignage poignant et engagé sur la lutte contre le cancer du sein en République Démocratique du Congo.
Accompagnante de proches touchés par la maladie, elle a fait de ce combat une mission collective qu’elle porte depuis huit ans à travers sa fondation.
La prévention au cœur du combat
Sharufa Amisi a salué les avancées récentes en RDC, notamment la mise en place du guichet unique des dépistages gratuits par le Centre Nganda à Kinshasa, un pas significatif vers une prise en charge plus accessible.
Toutefois, elle a regretté que ces services demeurent encore concentrés dans les grandes villes, plaidant pour une décentralisation effective des structures de dépistage et de sensibilisation.
« Le cancer n’est pas une fatalité. Le plus tôt on est dépisté, le mieux on est pris en charge », a-t-elle insisté, soulignant l’importance d’une approche communautaire pour briser les tabous et faire évoluer les mentalités autour de la maladie.
Les réalités sociales et culturelles à surmonter
Selon Sharufa Amisi, le combat contre le cancer du sein en RDC ne se limite pas à la dimension médicale :
« La question du cancer est multisectorielle. Beaucoup de femmes ne se présentent pas à temps par peur, par honte ou à cause de croyances culturelles qui assimilent la maladie à la sorcellerie », a-t-elle révélé.
Elle a rappelé que le rejet social et le manque de suivi psychologique aggravent la souffrance des malades, d’où l’importance d’un accompagnement humain et familial adapté.
Des chiffres encourageants mais un long chemin à parcourir
Lors de son passage, Sharufa Amisi a partagé les chiffres présentés récemment par le ministère de la Santé entre autres 3 000 patients atteints de cancer ont déjà bénéficié de traitements gratuits dans six provinces, tandis que 7 000 cas de cancer du sein ont été diagnostiqués.
La Fondation BOMOKO, quant à elle, compte plus de 7 800 femmes dépistées et suivies depuis sa création.
Ces résultats, bien que prometteurs, restent en deçà des besoins réels, d’où son appel à un soutien financier accru des autorités et des partenaires.
Trois axes d’action pour la Fondation BOMOKO
La présidente de BOMOKO a rappelé les trois piliers de la mission de sa structure qui sont :
– Sensibiliser toutes les couches de la société, écoles, églises, entreprises, à travers des campagnes éducatives ;
– Faciliter l’accès au dépistage à moindre coût, voire gratuitement pendant les campagnes nationales ;
– Accompagner les malades et leurs familles pour briser l’isolement et restaurer la dignité des personnes touchées.
Un appel à l’action nationale
Sharufa Amisi a exhorté les autorités congolaises à passer « du temps des discours au temps de l’action » :
« Il faut financer les structures engagées dans la lutte contre le cancer, soutenir la formation du corps médical et encourager la coopération internationale. Cette lutte doit être globale, continue et inclusive », a-t-elle recommandé.
À travers son passage sur France 24, Sharufa Amisi a fait résonner la voix des femmes congolaises et rappelé que la prévention et la solidarité demeurent les armes les plus puissantes contre le cancer du sein.
Lydia Mangala


