Issue de la Faculté de journalisme, presse et médias de l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC), Blessing Muayi Mazumbu a consacré son mémoire à un sujet d’une grande pertinence sociale : « L’apport des femmes journalistes sur le traitement des informations dans les médias congolais. Cas de l’Acofepenews. »
Sous la direction du Professeur Paul Massey Ntambwe et de l’assistant Vincent-Chirack Kabangu, elle a défendu ses travaux le 30 septembre dernier, mettant en avant une réflexion profonde sur la place et l’influence de la femme dans le paysage médiatique congolais.
Un contexte marqué par l’émergence de médias féminins
La recherche de Blessing Muayi trouve son origine dans l’observation que depuis quelques années, la scène médiatique congolaise voit apparaître de nouveaux médias portés par des femmes, qui se concentrent sur les réalités sociales et les problématiques liées à la condition féminine.
Des plateformes comme Acofepenews incarnent ce renouveau en donnant la parole à celles qui, longtemps, ont été ignorées ou mal représentées dans les contenus journalistiques.
Ces médias, explique l’auteure, abordent avec plus de profondeur les questions de société, dénoncent les violences et les injustices, et encouragent la jeune fille congolaise à s’affirmer dans tous les secteurs de la vie publique.
D’où la nécessité d’analyser l’impact réel de cette montée en puissance féminine sur la qualité et la diversité de l’information produite.
Une étude qui interroge la transformation du regard médiatique
Dans une société longtemps marquée par la domination masculine dans les rédactions, le travail de Blessing Muayi souligne que les femmes journalistes ne se contentent pas d’occuper des postes dans les médias, elles transforment la manière de raconter la société.
Elles amènent une sensibilité nouvelle, une approche plus humaine et inclusive des thématiques souvent marginalisées, comme la santé mentale, la violence basée sur le genre, ou encore l’entrepreneuriat féminin.
Ainsi, l’auteure montre que l’apport féminin dépasse la simple présence, il redéfinit la perception de l’information et le rôle social du journalisme congolais.
Une recherche qualitative au cœur du média Acofepenews
Pour mieux cerner cette contribution, Blessing Muayi a opté pour une étude de cas qualitative, centrée sur le média Acofepenews, reconnu pour sa ligne éditoriale engagée.
Elle a combiné l’observation, l’analyse documentaire et des entretiens semi-directifs avec les femmes journalistes du média.
Ces démarches lui ont permis de comprendre la structure interne, la vision éditoriale et la participation active des femmes dans la production de l’information, tout en mettant en évidence leur influence sur le choix et le traitement des sujets.
Résultats et constats majeurs
L’analyse menée par la chercheuse révèle plusieurs constats significatifs :
– Acofepenews met résolument l’accent sur la promotion des questions de genre et la valorisation des personnes vulnérables ;
– La prédominance féminine dans la rédaction renforce la sensibilité aux problématiques sociales et humaines ;
– Les thématiques abordées se diversifient, intégrant désormais des sujets comme la santé mentale, l’environnement, ou encore l’autonomisation économique des femmes ;
– Les femmes journalistes participent activement aux décisions éditoriales, avec une femme occupant le poste stratégique de rédactrice en chef ;
– Enfin, une évolution tangible est observée dans le traitement des sujets autrefois négligés ou abordés avec distance.
Ces constats démontrent que la féminisation du secteur n’est pas qu’une question d’équité, mais un levier d’innovation sociale et journalistique.
Des recommandations pour un journalisme plus inclusif
Afin de renforcer cet élan, Blessing Muayi formule des recommandations précises à l’intention des rédactions, des décideurs publics et des chercheurs :
– Renforcer la féminisation des équipes rédactionnelles, notamment dans les postes de décision ;
– Institutionnaliser une relecture sensible au genre, afin de garantir la diversité des voix et des angles de traitement ;
– Encourager la formation continue sur le journalisme inclusif et socialement responsable ;
– Soutenir financièrement les médias engagés dans la promotion de l’égalité et de la représentation équilibrée des genres ;
– Enfin, élargir la recherche à d’autres médias congolais et africains pour mesurer l’impact à long terme de cette évolution sur la perception du public.
Un travail à portée sociale et inspirante

L’étude de Blessing Muayi Mazumbu ouvre une réflexion sur le rôle du journalisme comme moteur de changement social.
Elle montre que la présence des femmes journalistes ne se limite pas à une question de parité, mais contribue activement à façonner une société plus consciente, plus équitable et plus humaine.
À travers son mémoire, la jeune chercheuse rappelle que le regard féminin n’est pas une alternative, mais une nécessité pour une information plus complète, plus sensible et plus juste.
Lydia Mangala


