Après trois jours de négociations intenses à Washington orchestrées par le département d’État américain, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont convenu d’un accord-cadre de paix dont la signature officielle est prévue le vendredi 27 juin 2025.
Annoncé par Allison Hooker, sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, ce texte pose les jalons d’une coopération inédite entre Kinshasa et Kigali, fondée sur la fin des hostilités, le désarmement des groupes rebelles et la construction d’un mécanisme de sécurité partagé.
Contexte diplomatique et enjeux régionaux

Depuis plusieurs années, l’est de la RDC subit les retombées d’affrontements transfrontaliers et d’activités de milices telles que le M23 et les FDLR.
L’accumulation des crises humanitaires et des déplacements de populations a fait de la stabilisation de la région un enjeu prioritaire pour la communauté internationale.
C’est dans ce contexte que, du dimanche 15 au mercredi 18 juin 2025, les délégations de Kinshasa et de Kigali ont travaillé à Washington pour traduire en engagements concrets la volonté politique de ramener la paix et d’assurer la sécurité sur le terrain.
Garanties souveraines et arrêt immédiat des combats

Au cœur de l’accord figure l’engagement mutuel au respect intégral de l’intégrité territoriale de chaque État, accompagné d’une interdiction formelle des hostilités.
Cette clause vise à mettre un terme à toute opération militaire offensive et à confirmer la fin officielle de la guerre entre les deux nations.
Par son caractère solennel, cette disposition donne un cadre juridique à la cessation des échanges de tirs et des incursions armées, condition sine qua non pour instaurer la confiance entre Kinshasa et Kigali.
Désarmement et intégration encadrée des formations combattantes

Les deux parties ont acté un désengagement progressif de leurs forces armées et un retrait régulier des troupes étrangères des zones qu’elles occupent.
En parallèle, un programme de désarmement des groupes armés non étatiques a été défini, assorti d’une clause d’intégration conditionnelle.
Contrairement à un brassage massif, cette intégration se fera selon des critères stricts, garantissant que seuls les éléments jugés aptes et correctement formés puissent rejoindre les rangs des forces régulières, préservant ainsi la cohésion et la discipline au sein des armées nationales.
Un mécanisme de sécurité conjoint issu du processus de Luanda
Pour coordonner la mise en œuvre sur le terrain, l’accord prévoit la création d’un organe mixte de sécurité s’appuyant sur le Concept of Operations (CONOPS) conçu lors de la conférence de Luanda du 31 octobre 2024.
Ce mécanisme réunira des représentants militaires et civils des deux pays pour organiser des patrouilles conjointes, échanger des renseignements et surveiller le respect des engagements.
En établissant des canaux de communication permanents, il entend prévenir toute résurgence de violence et faciliter la résolution rapide des incidents transfrontaliers.
Réparation humanitaire et relance économique régionale
Au-delà des questions militaires, l’accord cadre inclut des mesures destinées à alléger la souffrance des populations affectées par le conflit.
Il prévoit la facilitation du retour sécurisé des réfugiés et des déplacés internes, ainsi que la garantie d’un accès humanitaire sans entrave.
Parallèlement, un volet économique ambitionne de jeter les bases d’une intégration régionale renforcée, favorisant la reconstruction des infrastructures, la relance des échanges commerciaux et l’emploi local, afin que la paix se traduise aussi par un développement partagé.
Perspectives et défis avant la signature du 27 juin
La cérémonie de signature à Washington constituera un moment symbolique fort, illustrant le soutien de la communauté internationale à ce rapprochement diplomatique.
Toutefois, la véritable épreuve commencera une fois les plumes posées sur le papier pour transformer ces engagements en réalités tangibles sur le terrain exigera un suivi rigoureux, des ressources adéquates et la volonté de tous les acteurs, nationaux comme locaux.
Les prochains mois seront déterminants pour passer d’un accord-cadre à une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Lydia Mangala

